“Sur le chemin difficile de la réparation historique” pour les plus de 5 millions d’Africains réduits en esclavage au Brésil entre le XVIe et le XIXe siècle, “il existe de petits gestes chargés de symbolisme”, comme celui de “redonner leur identité” à ceux qui n’ont “jamais eu le droit d’exister en tant qu’être humains”, écrit le correspondant du quotidien espagnol El País.
C’est tout l’objectif de l’exposition “Eu, amanuense que escrevi… ” (“Moi, le greffier qui a écrit…”), inaugurée en mai et visible jusqu’en novembre aux archives publiques de l’État de São Paulo : à l’aide de l’intelligence artificielle, les visages de dizaines d’esclaves ont été recréés à partir des “descriptions minutieuses” qu’en avait fait l’avocat abolitionniste Luís Gama entre 1862 et 1866, lorsqu’il était greffier d’un commissariat de police.
Le commerce transatlantique d’êtres humains était alors officiellement interdit au Brésil, suite à une loi de 1831 adoptée sous la “pression abolitionniste” du Royaume-Uni, son principal allié de l’époque. Mais le texte n’était pas appliqué, et la traite négrière s’était même intensifiée au cours des deux décennies suivantes.
Tandis que beaucoup “fermaient les yeux” sur ces pratiques, Luís Gama, fils d’une esclave affranchie et d’un Portugais, a “profité de son statut de fonctionnaire” pour libérer un maximum de personnes en les enregistrant comme Africains libres et ainsi “les sortir d’une situa