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Au Mexique, des œuvres “homoérotisant” des figures catholiques créent l’émoi

- Business
février 21, 2025

Depuis le 5 février, une exposition artistique suscite de vives réactions au Mexique. Intitulée “La venida del Señor” (“La venue du Seigneur”, en français), cette présentation de l’artiste plasticien Fabián Cháirez met en lumière neuf peintures à l’huile réinterprétant des figures emblématiques du catholicisme à travers une approche “homoérotique” et chargée de symboles religieux.

C’est précisément cette vision artistique qui alimente la controverse. Installée dans la prestigieuse Académie de San Carlos (Université nationale autonome du Mexique), en plein cœur du centre historique de Mexico, l’exposition divise l’opinion. Tandis que certains y voient une démarche audacieuse, d’autres dénoncent “une offense à la religion catholique”, relève Excélsior.

L’une des œuvres qui a placé l’artiste mexicain “dans un tourbillon médiatique”, pour reprendre les termes d’El Universal, est notamment celle utilisée pour la promotion de l’événement. En effet, comme le décrit Excélsior, cette peinture met en scène deux clercs léchant “une bougie dégoulinante de cire”, une représentation jugée “hautement suggestive et sexuelle”.

Sur les réseaux sociaux, les réactions se sont multipliées, et certaines personnalités ont tenu à s’exprimer sur l’affaire. Cité par Infobae, le journaliste José Luis Morales s’interroge sur “les limites de la liberté d’expression” : “Je ne suis pas un saint, mais montrer des cardinaux léchant une bougie ou des religieuses dans des scènes homoérotiques est un peu excessif. Vous ne croyez pas ?”

Une plainte déposée contre l’artiste

Quelques jours après l’inauguration de l’exposition, l’Association des avocats chrétiens (ACC) a annoncé avoir déposé une plainte à l’encontre de Fabián Cháirez, rapporte le journal Debate. L’association affirme que certaines œuvres présentent des “représentations offensantes et profanes du Christ et de la Vierge Marie”, susceptibles de heurter la foi de millions de croyants.

La plainte, déposée auprès du Conseil national pour la prévention des discriminations (Conapred), a été soutenue par une pétition en ligne signée par plus de 9 000 catholiques qui ont fait part de leur hostilité envers l’exposition. En parallèle, le directeur de l’ACC a déclaré : “Cette affaire devrait créer un précédent dans la défense de la liberté religieuse au Mexique. Il est inacceptable que l’art serve d’instrument d’agression contre la foi de millions de personnes.”

Face à la montée des menaces adressées à l’artiste et à son œuvre, l’Académie de San Carlos a renforcé ses mesures de sécurité. Désormais, précise El Universal, l’accès aux locaux est strictement contrôlé et les visiteurs ne peuvent entrer avec des sacs ou objets volumineux.

“Des sujets plus urgents pour lesquels protester”

Dans un entretien accordé à Milenio, le plasticien défend sa démarche en expliquant que son exposition est avant tout “une déclaration sur la liberté d’expression dans un contexte religieux souvent conservateur”. Pour lui, “La venida del Señor” invite également à réfléchir sur la manière dont “les expériences humaines peuvent être étroitement liées au divin”.

Quant aux critiques et aux appels à la censure, l’artiste mexicain reste serein : “Je me sens assez calme, je suis conscient [des réactions négatives], mais je pense qu’il y a des sujets plus urgents pour lesquels protester, comme la défense des droits des femmes et des enfants pour éviter qu’ils soient victimes d’abus physiques, sexuels et psychologiques.”

Ce n’est pas la première fois que Fabián Cháirez fait l’objet d’une telle polémique. Comme le rappelle El Universal, en 2019, l’artiste avait déjà été la cible de critiques en raison de l’exposition d’une huile sur toile représentant Emiliano Zapata, une figure emblématique de la révolution mexicaine. Sur le tableau, le révolutionnaire est dépeint nu et portant des talons hauts.