Une nouvelle année a commencé, et comme tout le monde, je suis curieux de savoir de quoi on parlera tout au long de celle-ci. Nous sommes une économie des mots dans le sens où la grande majorité des habitants de notre pays se nourrissent de mots, et ce, bien qu’il soit de notoriété publique que les mots ne se mangent pas.
Ceux qui vivent et gagnent leur pain en nourrissant réellement les gens, autrement dit ceux qui travaillent dans l’agriculture, ne sont aujourd’hui plus guère nombreux, et le seront d’ailleurs de moins en moins. Cette faible minorité suffit néanmoins amplement pour nourrir la grande majorité de tous les autres, c’est-à-dire de ceux qui, eux, se nourrissent ou vivent des mots. Peu importe que vous soyez bureaucrate, enseignant, inventeur, programmeur, directeur, chercheur, expert des médias sociaux ou même comptable, nous gagnons tous notre vie avec des mots (et des chiffres).
Que faisons-nous, pour la plupart d’entre nous, toute la journée au travail ? Nous parlons, nous écoutons, nous élaborons des structures organisationnelles, nous lisons, nous écrivons, nous persuadons, nous déléguons, nous traitons, nous rédigeons des courriels… Bref, d’une manière ou d’une autre, nous travaillons avec des symboles.
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En tendant un peu l’oreille, vous constaterez même que nous sommes en fait toujours en train de demander avec déférence quelque chose à quelqu’un – en somme de prier – (même si nous n’y sommes pas obligés) ou de remercier quelqu’un (même si nous n’y sommes pas obligés non plus). Essayez seulement de compter le nombre de fois par jour où nous remercions quelqu’un pour une chose que nous avons payée ou à laquelle nous avons droit. Et combien de fois demandons-nous à nos subordonnés ou à nos collègues de faire quelque chose, alors que nous en sommes les chefs ou que c’est leur devoir ? C’est ainsi que nous remercions le facteur