“Donne-moi du taffetas avec des taches de boue. Donne-moi du tulle bleu tragique. Donne-moi du catwalk [podium sur lequel défilent les modèles] migratoire.” Si deux semaines se sont écoulées depuis que le styliste Ricardo Pava a présenté sa collection de mode inspirée par les migrants du Darién lors de la Bogotá Fashion Week, l’indignation n’est pas retombée en Colombie, pays de départ cette dangereuse route migratoire qui connecte l’Amérique du Sud à l’Amérique centrale.
Avant même que ne se tienne le défilé, organisé le 21 mai, la plateforme journalistique colombienne La Liga Contra el Silencio a sonné la charge, vilipendant cet “exercice absurde” qui cherche à “transformer la boue de la jungle en une collection de mode”.
Outre des approximations – la collection Nuda Vida indique que 1 800 personnes ont traversé le Darién en 2024 alors qu’elles furent en réalité plus de 400 000 –, le choix de sa palette de couleurs “frôle le cynisme”, dénonce aussi la Liga. On y retrouve le “terra”, illustré par une femme et une enfant salies par la boue, le “bleu Necoclí”, censé être un hommage à la mer qui borde la ville colombienne du même nom, ainsi que différentes tonalités de “vert tropical” et de “gris bitume” ou “pétrole”.
Le styliste R