“Les écoliers russes ne se contentent plus d’examiner des casques, des balles et autres ‘artefacts’ du front”, écrit le média d’investigation Verstka. Depuis avril 2023, des écoles accueillent des expositions immersives consacrées à l’“opération spéciale militaire”, nom officiellement donné à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Selon une enquête de Verstka, ces espaces numériques plongent les élèves dans un univers mêlant réalité virtuelle, témoignages de soldats et modélisations 3D d’armes et de blindés. Conçus pour enseigner aux plus jeunes la version officielle du conflit, ces musées centralisent “2 000 contenus sur la guerre” : “des récits de soldats, plus de 40 vidéos immersives à 360 degrés et 50 modèles de véhicules militaires”.
Ces expositions proposent aux élèves une immersion dans des scènes de guerre recréées à l’aide de casques de réalité virtuelle. Les élèves peuvent ainsi se promener à travers un immeuble bombardé de Sievierodonetsk (dans l’oblast de Louhansk) ou assister à une reprise de Melitopol (région de Zaporijjia), toutes les deux occupées par les troupes russes depuis le début du conflit, ou encore observer un char russe avancer entre les immeubles, décrit Verstka.
14/18 А во Владимирской области закупленный виртуальный музей передвигается между разными колледжами и школами— за месяц его посетили 800 человек. Об открытиях таких музеев региональные СМИ снимают репортажи — корреспонденты спрашивают у детей о впечатлениях от VR-установки. pic.twitter.com/Lulb7QrLf9
— Bерстка (@verstka_media) February 6, 2025
Le numérique pour attirer les jeunes
L’expérience ne se limite pas aux images : avant d’accéder aux modules interactifs, les jeunes doivent suivre une introduction théorique qui présente la chronologie du conflit à travers des documents sur les “prémices de l’opération”, des extraits de discours de Vladimir Poutine ou encore des articles sur le “nazisme ukrainien”. Suit un quiz permettant aux élèves de tester leurs connaissances. Parmi les questions : “Pourquoi les troupes russes se sont-elles retirées de l’île aux Serpents ?” ou encore “Quel média est le plus fiable : Meduza, Novaïa Gazeta [deux médias russes indépendants en exils] ou Tass [l’agence de presse officielle] ?”
Ensuite, les jeunes découvrent une autre salle avec des mini-jeux de rôle, où ils peuvent choisir d’“incarner un militaire, un secouriste, un médecin, un volontaire ou un civil”.
Ces expositions accessibles sous différentes formes – installations physiques ou programmes en ligne compatibles avec des casques VR – connaissent un grand essor. En un an, 250 écoles russes dans 12 régions ont déjà accueilli ces dispositifs. “Les expositions traditionnelles des musées ne passionnent pas vraiment les plus jeunes. Nous avons donc misé sur le numérique pour créer ce musée il y a tout juste un an”, explique Andreï Chizhov, responsable du projet chez l’entreprise russe Espace numérique.
L’un des objectifs affichés est aussi d’inciter à l’engagement dans l’armée. Outre les modélisations d’armes et d’avions, ces expositions mettent en avant les “avantages” liés à la carrière militaire, comme “des prêts immobiliers à taux réduits”.