“Les manifestations devant la porte de Brandebourg sont aussi berlinoises que la porte elle-même.” Mais la manifestation qui a eu lieu, mercredi 29 janvier, dans la capitale allemande représentait “quelque chose de particulier”, affirme Handelsblatt. Alors que les grands mouvements de protestation sont habituellement menés par les syndicats dans le pays, “une alliance entre plusieurs lobbys et entrepreneurs avait appelé à une ‘journée d’alerte sur la situation économique’ [allemande], afin d’exiger des mesures face à la crise”.
L’initiative – également organisée à Hambourg, Munich, Stuttgart et Lingen – n’a rassemblé que plusieurs centaines de personnes en Allemagne. Mais d’après le titre de Düsseldorf, elle révèle l’inquiétude des milieux d’affaires, dépités de voir les récents débats sur l’immigration éclipser l’état déplorable de l’économie allemande dans la campagne pour les législatives du 23 février. En 2024, le pays a enregistré une récession pour la seconde année consécutive. Et son industrie, autrefois prospère, peine à maintenir le cap face à la hausse des prix de l’énergie et à la baisse des exportations.
Stagnation économique
Les manifestants accusent le gouvernement sortant du chancelier social-démocrate Olaf Scholz d’être responsable de ces difficultés économiques et demandent aux partis en lice de s’engager à rectifier le tir.
Ils ont proposé un plan d’urgence en dix points, afin de sauver l’économie allemande. “Leurs revendications : en finir avec la bureaucratie, des allègements fiscaux pour le patronat et les salariés, un plafonnement des cotisations sociales et des prix de l’énergie, et de forts investissements dans les travaux publics.” Les hausses de salaires ne semblaient en revanche pas faire partie “des solutions privilégiées pour stimuler l’économie”, note avec amertume le journal de gauche Tageszeitung.
Le jour de la manifestation, “Habeck a rendu publics de nouveaux résultats, qui sont venus étayer leur soif de véritables réformes”, précise Handelsblatt. Le ministre de l’Économie, écologiste, a annoncé que les prévisions de croissance pour l’année 2025 avaient été abaissées fin janvier à 0,3 %, soit bien moins que ce que prévoyaient les économistes à l’automne dernier. “Et ces projections ne prennent même pas en compte les droits de douane, dont Trump menace déjà l’Union européenne.”
