“Il y a des scènes qui n’ont pas besoin d’explication : une rangée de chaises sur le pas de la porte d’une maison, des voisins qui papotent sous un ciel déjà assombri, le bruit des ventilateurs posés sur la poitrine et la légère brise du soir. Dans beaucoup de villages du sud de l’Espagne, sortir prendre l’air est bien plus qu’une tradition, c’est un signe d’identité qui subsiste malgré les années.”
Cette coutume si banale − qui est même candidate à l’entrée au patrimoine immatériel de l’Unesco − fait pourtant aujourd’hui l’“objet d’un débat” sur sa légalité, relève la chaîne de télévision Telecinco. Le 27 mai, la police de Santa Fe, une commune du sud de l’Espagne, a publié un message sur la plateforme X rappelant que cette pratique “n’est pas toujours autorisée”, résume le quotidien andalou Ideal.
Les forces de l’ordre, qui ont accompagné leur publication d’une photo représentant des personnes âgées assises en train de discuter dans la rue, ont conscience “qu’il s’agit d’une tradition”, note Ideal.
Néanmoins, la voie publique étant “un espace commun et régulé”, la police peut imposer aux habitants de retirer leurs chaises “si nécessaire”, et de le faire “avec compréhension” pour garantir “la coexistence et la sécurité de tous”, rapporte le journal.
Le maire s’agace
Le message a rapidement agité les réseaux sociaux, où se sont multipliés les commentaires indignés et ironiques à ce sujet. Outre Pyrénées, “il n’y a pas une seule et même loi nationale qui interdit ou autorise explicitement de sortir une chaise dans la rue”, précise El Mundo. Chaque municipalité réglemente l’“usage de l’espace public” comme elle le souhaite, ajoute le journal madrilène, l’un des plus lus d’Espagne.
“Surpris et agacé” par la tournure des événements, le maire de Santa Fe, Juan Cobo (PP, droite), a déclaré au micro de la radio Cope que ses concitoyens peuvent continuer de prendre l’air sans problème, mais qu’“il faut aussi garantir le repos de tous les habitants”.
“Ce ne sont pas les grands-mères qui sortent leur chaise dans la rue pour prendre l’air” qui sont l’objet des plaintes que la mairie a reçues, précise Cope, mais plutôt ceux qui “organisent des barbecues et des fêtes”, empêchant ainsi leurs voisins de dormir à cause du bruit.