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En Chine, huit étudiantes chinoises sur dix envisagent leur vie sans enfant

In Business
juin 05, 2025

Le déclin démographique et le vieillissement de la population sont depuis quelques années l’une des principales préoccupations du régime chinois. Un récent rapport ajoute une nouvelle couche d’inquiétude en révélant que “plus de huit étudiantes à l’université sur dix ne veulent pas d’enfants”. L’étude, intitulée “La perception des adultes et des étudiants sur le mariage et la procréation en 2024”, a été menée entre mars et juin 2024 par l’Institut de psychologie de l’Académie des sciences de Chine.

Les chercheurs ont enquêté auprès de 55 781 étudiants dans 31 provinces, relate Lianhe Zaobao. “Les 18-24 ans montrent généralement une moindre volonté de tomber amoureux, de se marier et d’avoir des enfants”, résume le journal singapourien. Dans la même étude, près de 52 % des étudiants des deux sexes disent se projeter dans une vie sans mariage et près de 60 % qu’il n’est “pas important” d’avoir des enfants. La tendance est plus marquée chez les étudiantes – respectivement 76 % et 85 %.

Chute démographique en Chine, 1950-2100. Catherine Doutey/Courrier international

Ce qui vaut pour la natalité vaut aussi pour la matrimonialité – les enfants nés hors mariage sont relativement rares dans la société chinoise, du moins officiellement. Dès 2023, le journal cantonais Nanfang Zhoumo rapportait déjà que les jeunes Chinois ne considèrent pas le mariage comme “vraiment nécessaire”. Une appréciation “devenue un phénomène courant dans tout le pays”, affirmait le journal. À Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang, dans l’est du pays, “l’âge moyen du premier mariage a reculé pendant quatre années consécutives”, entre 2019 et 2022. Il s’élevait en 2022 à 28,8 ans pour les hommes et à 27,5 ans pour les femmes, soit 0,3 et 0,4 année de plus qu’en 2021.

Charges mentale et physique

Le journal avait remarqué, là aussi, que la tendance était plus prononcée chez les femmes. Yang Fan, chercheuse au Centre de recherche sur la population et le développement et directrice du département de démographie de l’université Renin, avance des pistes d’explication. Selon elle, “le niveau d’éducation des femmes progresse plus rapidement que celui des hommes”. Et une fois mariées, les femmes sont confrontées en général à de lourdes charges mentale et physique, comme la garde des enfants ou les tâches ménagères. “Les femmes supportent la majeure partie des coûts du mariage et de la maternité”, décortique la chercheuse dans l’article.

En juin 2024, The New York Times s’est aussi intéressé aux jeunes mères de famille qui occupent un emploi et refusent d’avoir un deuxième enfant malgré les incitations mises en place depuis la fin de la politique de l’enfant unique, en 2016. Pékin avait fixé à deux le nombre maximal d’enfants par famille, puis trois en 2021. Depuis, les pénalités pour les couples qui auraient plus de trois enfants ne sont pas systématiquement appliquées. En 2012, le montant annuel des “amendes” dans le pays s’élevait à 20 milliards de yuans (2,4 milliards d’euros), selon l’hebdomadaire économique Zhongguo Jingji Zhoukan.

Le journal new-yorkais a notamment cité l’histoire de Joyce Zhao, une Pékinoise travaillant depuis trois ans comme cheffe de projet dans une entreprise du secteur des technologies, qui attendait une promotion lorsqu’elle est tombée enceinte de son premier enfant. Ses perspectives professionnelles se sont immédiatement assombries, et elle refusait alors d’avoir un deuxième enfant. “Ses journées sont déjà suffisamment épuisantes, décrivait le journal. ‘Je répartis mon temps, mon énergie et mon argent, j’en garde pour moi, pour mes parents, mon mari et mon fils… Mais je ne peux pas les laisser tout me prendre.’