6 views 3 mins 0 comments

En Guinée, un recensement “pour confisquer le pouvoir” qui patine

- Business
juin 05, 2025

“Que je m’enrôle ou non, je connais déjà le résultat. Je sais que Mamadi Doumbouya ne va pas rendre le pouvoir, même si toute la Guinée vote contre lui.” Ce constat mi-fataliste, mi-désabusé d’Albert Délamou, vitrier à Conakry, est redondant dans le reportage que consacre Ouestaf à la constitution d’un nouveau fichier électoral.

Une étape clé dans l’organisation de la présidentielle promise en 2025 par le général Doumbouya, arrivé au pouvoir à la faveur d’un putsch le 5 septembre 2021. Sauf que le processus préalable de recensement biométrique de la population “peine à véritablement décoller car, outre les problèmes d’organisation, bien des Guinéens refusent encore de se faire enrôler. Ils rechignent à s’associer à un processus qui, pour eux, permet à Mamadi Doumbouya de confisquer le pouvoir”, écrit Ouestaf.

Commencé le 15 avril, ce recensement de la population était censé prendre fin le 31 mai. Mais, faute de résultats et d’“engouement”, le délai a été allongé de trois semaines. Reste à convaincre. En octobre 2024, le Premier ministre Bah Oury avait vanté son autre finalité :

“L’État va se doter d’une colonne vertébrale autour de laquelle tous les programmes sociaux, économiques pourront être menés.”

“Pas une urgence”

Mais selon des agents du recensement, la communication sur son bien-fondé n’a pas suivi. Et les mesures incitatives, telles que la gratuité de l’établissement de la carte d’identité et de l’extrait de naissance, n’ont guère fait mouche.

COURRIER INTERNATIONAL

Outre la représentation persistante d’un recensement “taillé sur mesure, juste pour permettre [à Mamadi Doumbouya] de se déclarer vainqueur avec un score à la soviétique”, le commerçant Mamadou Aliou Diallo brandit un autre argument. Ce processus, estime-t-il, “n’est pas une urgence pour la Guinée”.

“Pour lui, la priorité devait être la concertation avec les acteurs politiques et sociaux opposés à la gestion actuelle de la transition, ainsi que la libération des ‘prisonniers d’opinion’”, relate Ouestaf. Une allusion aux arrestations et enlèvements de figures de la société civile depuis 2024.

Mamadi Doumbouya n’a pas officialisé sa candidature à la présidentielle, mais “ses proches ne cachent plus leur désir de le voir continuer l’aventure à la tête de la Guinée. Des mouvements de soutien à sa candidature fleurissent.”