Vingt secondes, c’est la durée moyenne d’une de ces vidéos sur TikTok qui permettent aux Israéliens d’étudier l’arabe. “En hébreu, [chat] c’est hatul, explique Ophir Lugasi dans l’une d’entre elles. En arabe, c’est bisseh. Min ahla bisseh bil alam ? [qui est le meilleur chat du monde ?]” demande-t-elle en caressant le chat.
Dans une autre vidéo, il pleut, elle tient un parapluie et déclare en souriant : “En hébreu, c’est mitria [parapluie] ; en arabe, c’est shamsiya, comme shimshiya [‘parasol’, en hébreu].”
Ophir Lugasi est la directrice numérique et créatrice de contenu de Madrasa, une organisation sociale et éducative qui propose des cours d’arabe gratuits en ligne. Elle a commencé à créer du contenu en arabe sur TikTok il y a deux ans, quand elle a rejoint l’organisation.
“J’ai regardé des vidéos de gens qui donnaient des cours d’arabe et elles me semblaient déconnectées. Leur façon d’enseigner était bien, mais comment relier l’arabe à la vraie vie ? Je voulais présenter la langue dans un contexte quotidien et montrer les liens entre l’arabe et l’hébreu. […] Ça a marché, et le compte s’est retrouvé avec des dizaines de milliers de followers.”
Yarin Twig, la fondatrice de l’école de langue Taal, poste des vidéos où elle chante en arabe, avec la transcription des paroles et une traduction en hébreu. Amir Cohen, du site de cours d’arabe Ahala Wasahala [“Bienvenue”, en arabe], partage des vidéos de ses élèves en train de parler arabe. Il a aussi montré la chanteuse libanaise Nancy Ajram qui raconte une blague, avec une traduction en hébreu. “Vous connaissez les chansons de Nancy Ajram ? demande-t-il. Vous saviez qu’elle était drôle, en plus ?”
Une langue peu étudiée
Les cours de langue de TikTok rencontrent un grand succès dans le monde mais sont tout sauf une évidence en Israël, où l’arabe jouit d’un statut inférieur et est chargé politiquement. “L’enseignement de l’arabe a toujours eu et aura toujours une mauvaise image”, explique le professeur Yonatan Mendel, qui dirige le département d’Études moyen-orientales de l’université Ben Gourion, dans le Néguev, et est également chercheur à l’Institut Van Leer de Jérusalem.
Selon le Centre de recherche et d’information de la Knesset, 3,7 % des étudiants israéliens ont choisi l’arabe pour leur examen d’entrée à l’université. “C’est un chiffre décevant et minuscule, déplore Mendel. Non seulement parce qu’il signifie que 96,3 % des étudiants n’étudient p