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En Tanzanie, des habitants demandent à l’Allemagne de leur rendre les ossements de leurs ancêtres

- Business
janvier 15, 2025

L’article de la semaine

Pourquoi cet article

Cette semaine nous vous proposons d’éclairer le thème 3 en terminale consacré à l’histoire et aux mémoires. L’article du Guardian sur lequel nous nous arrêtons revient sur le documentaire The Empty Grave (“La Tombe vide”, inédit en français) qui retrace le passé colonial douloureux de la Tanzanie à l’époque de la colonisation allemande. Cet exemple est intéressant, car il résonne avec l’étude sur le Rwanda et il montre que le travail de mémoire reste toujours à faire, même plus d’un siècle après les faits.

S’il ne fallait retenir qu’une citation

“Les crânes et les os des personnes exécutées ont été emmenés en Allemagne pour servir à des expériences visant à prouver la théorie d’une prétendue supériorité raciale européenne.”

La Tanzanie a été colonisée pendant trente-trois ans par les Allemands, de 1885 à 1918. Durant cette période, de nombreux mouvements indépendantistes se sont constitués et beaucoup de Tanzaniens ont pris les armes contre l’occupant. La répression allemande fut systématique et violente. L’article relate qu’entre 1905 et 1907 la rébellion des Maji-Maji fit par exemple plus de 300 000 morts.

Les crânes et les os de nombreux de ces opposants étaient alors envoyés en Allemagne où des scientifiques les étudiaient pour tenter d’étayer leurs théories sur les races et la prétendue infériorité des peuples africains. On retrouve cette logique raciste dans la classification imposée par les Belges lorsqu’ils dominaient le Rwanda.

Aujourd’hui, les dépouilles de ces opposants tanzaniens sont éparpillées dans de nombreux musées européens et, depuis plusieurs années, des habitants d’un village du sud de la Tanzanie ont entrepris des démarches pour que ces ossements soient rapatriés dans leur pays d’origine.

Le documentaire The Empty Grave suit ces familles dans leurs démarches et montre que pour ces descendants le vol des dépouilles les a privés de leurs rituels traditionnels. Des experts allemands procèdent aujourd’hui à des recherches ADN sur ces restes humains pour tenter de les identifier et pour pouvoir les rendre à leurs familles. Cependant, près de la moitié de ces ossements sont aujourd’hui trop endommagés pour être exploitables.

Les élèves de terminale qui étudient le cas du Rwanda, qui fut sous domination belge pendant des années, doivent savoir que, à la suite des démarches entamées en Allemagne, la Belgique a décidé en avril 2024 de voter des lois sur la restitution des restes humains spoliés dans leurs anciennes colonies.

Ce que nous apprend le cas de la Tanzanie, c’est que les recherches historiques récentes mais aussi l’engagement des descendants permettent encore de faire avancer le travail de mémoire plus d’un siècle après les exactions des colonisateurs.

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin sur la question de la reconnaissance du passé colonial de l’Allemagne, nous vous proposons les liens suivants :

  • Cet article de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) qui montre que les horreurs de la Shoah ont longtemps occulté les violences de la colonisation allemande en Afrique.
  • Cet autre article de la FAZ qui s’intéresse au cas des germanophones toujours présents en Namibie.
  • Cette polémique rapportée par l’hebdomadaire The Namibian qui revient sur la reconnaissance du génocide perpétré en Namibie par l’Allemagne et qui est vécue comme une réelle provocation.

Et ce qu’il ne fallait pas rater non plus cette semaine

Nous pouvons vous conseiller aussi la lecture de cette revue de la presse indienne qui revient sur le lancement de la fusée PSLV-C60, une nouvelle étape dans la course à l’espace menée par le pays. Ce sujet est intéressant pour les élèves de terminale qui étudient le thème sur les nouveaux espaces de conquête, et notamment les nouveaux acteurs privés et internationaux.