views 5 mins 0 comments

la France doit cesser les “trumperies”

- Business
février 04, 2025

Alors qu’elle pensait pouvoir suivre, en toute tranquillité, ses cours, dans un pays, la France, pour ne pas la citer, où les droits de l’homme sont sacrés, cette jeune élève de 14 ans, d’origine burkinabè, s’est retrouvée dans un engrenage digne d’un film d’espionnage.

Après un coup de fil à l’administration de son collège [Paul-Verlaine, à Maizières-lès-Metz, en Moselle], elle fut exfiltrée de son établissement par deux gendarmes. Et c’est à bord d’une voiture banalisée qu’elle fut reconduite à la frontière belge, en compagnie de sa mère et de son petit frère.

Ironie du sort, c’est en plein cours de français, cette langue qui a la magie de rassembler tous ceux qui la pratiquent autour de fortes valeurs séculaires, en témoigne la francophonie portée surtout par l’Afrique, que l’adolescente a connu cette mésaventure, qui pourrait bien la traumatiser à vie. [Selon le récit de plusieurs médias français, les gendarmes ont constaté la présence de la jeune fille en cours de français, et l’ont interpellée plus tard dans la matinée dans l’espace de vie scolaire.]

Une “innocente victime collatérale”

Le seul tort de la jeune fille est d’être l’enfant d’une mère, qui, peut-être en détresse, et voulant à tout prix et le plus tôt possible mettre ses enfants à l’abri de toute surprise désagréable, aurait demandé, simultanément, l’exil dans deux pays, la France et la Belgique ! [Le règlement européen Dublin II prévoit qu’une demande d’asile est étudiée dans le premier pays où elle a été déposée, et le transfert du demandeur vers cet État membre.] Pour si peu, est-on en droit de se demander, surtout que cette faute pouvait certainement être corrigée administrativement, sans ce préjudice subi par une innocente victime collatérale.

Certes, la recherche et le renforcement de la sécurité poursuivis par tout État le contraignent à la mise en place d’une batterie de lois parfois excessives. Mais, à côté de la loi, il y a également l’esprit de la loi qui conduit à une certaine souplesse dans son exécution. Surtout que cet acte qui a, logiquement, suscité l’ire de personnes qui se sont rassemblées [le 30 janvier devant la préfecture de Moselle] pour dénoncer cette “interpellation en école” est regrettable à plus d’un titre pour les enfants.

Méconnaissance, erreur ou zèle ?

Du reste, la ministre française de l’Éducation [Élisabeth Borne], n’a pas manqué de procéder à un rappel à l’ordre [le 28 janvier] qui mentionne que “les interventions des forces de police et de gendarmerie liées aux procédures d’éloignement sont strictement interdites dans le cadre scolaire”. C’est dire que, soucieuses des conséquences désastreuses de la chose, les autorités politiques françaises avaient bien dressé des balises pour canaliser ces reconduites à la frontière, afin qu’elles n’aient pas un caractère sauvage.

Sauf qu’une autre mesure est venue abroger, pas plus tard que ce 23 janvier, les anciennes circulaires qui empêchaient ces cas malheureux [en restreignant les conditions d’admission exceptionnelle au séjour (AES) des étrangers en situation irrégulière].

Méconnaissance, erreur ou zèle des agents de la gendarmerie qui ont conduit cette opération dont a été victime la jeune collégienne ? Des investigations seront certainement menées pour déterminer l’origine de cette bavure, car c’en est une ! [Le directeur général de la gendarmerie nationale, Hubert Bonneau, a estimé, jeudi 30 janvier, que l’interpellation était une “erreur collective”.]

En attendant que le mal soit réparé, si tant est qu’il puisse encore l’être, on ne peut que plaider pour une modération dans l’exécution de ces arrestations et “obligation de quitter le territoire français” [OQTF], avant qu’elles ne prennent des allures de “trumperies”, ces rapatriements massifs sans ménagement, en cours actuellement au pays de l’Oncle Sam.