La “désinformation” : le concept revient si souvent ces dernières années qu’il est aujourd’hui devant un paradoxe qui mine sa puissance d’analyse. En effet, plus la notion est utilisée, plus ses contours deviennent flous et, partant, plus son application en politique devient large. À l’origine, le concept permettait de décrire des tactiques sciemment trompeuses. Aujourd’hui, cependant, il vaut comme un rappel à l’ordre qui ne sert plus à élucider le réel mais à jeter le doute sur l’adversaire et à le discréditer immédiatement. La notion fonctionne non pas parce qu’elle est clairement définie, mais plutôt parce que, floue, elle peut être instrumentalisée.
Derrière la formule, plusieurs choses : de l’indignation, un alarmisme sécuritaire et des conceptions structuralistes bien vagues. Le concept de “désinformation” exprime trois idées : a) il condamne la diffusion d’informations fausses ou trompeuses, b) il prête une visée stratégique à l’énonciateur et c) ce qu’il désigne est délétère pour la société. Ce trilemme n’a pas de cohérence conceptuelle en lui-même.
Nous sommes plutôt en présence d’un instrument discursif qui sert à prendre l’ascendant – un fourre-tout, dans lequel des choses très différentes peuvent, grâce à une étiquet
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Ce magazine mensuel de culture politique, comme il se définit lui-même, a été lancé en mars 2004 par le groupe suisse Ringier. Son fondateur, Wolfram Weimer, a choisi un design épuré pour ce titre qui, à l’instar de Cicéron voulant sauver la République, mise sur le pouvoir des idées.
Artistes, personnalités politiques, économistes ou philosophes se relaient dans les pages du magazine pour faire revivre des débats tels que Berlin en connaissait avant 1933.
Le rédacteur en chef, Christoph Schwennicke, est aussi depuis 2012 co-éditeur avec son homologue Alexander Marguier.
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