
La semaine dernière, l’avocate et journaliste ougandaise Agather Atuhaire s’est rendu à Dar Es-Salaam, en Tanzanie voisine, pour soutenir le chef de l’opposition tanzanienne Tundu Lissu, qui comparaissait devant la justice pour trahison, passible de la peine de mort, après avoir organisé en avril un rassemblement politique dénonçant un système électoral “verrouillé”.
Mais le 19 mai, l’activiste ougandaise ainsi que le militant kényan anticorruption Boniface Mwangi, également venu soutenir Tundu Lissu, ont été arrêtés et emprisonnés en secret, raconte le média ougandais Al-Monitor. Quatre jours après son arrestation, Agather Atuhaire, dont on avait perdu la trace, a finalement été retrouvée dans la zone frontalière entre la Tanzanie et l’Ouganda. Elle déclarera à la BBC avoir subi des mauvais traitements pendant sa détention.
“Signes de torture”
Elle a déclaré auprès de la BBC qu’elle a été violée pendant sa détention en Tanzanie, ajoutant que des personnes habillées en civil lui avaient “bandé les yeux”, avant de la frapper “violemment” et de l’agresser sexuellement. Un récit qui concorde avec les constatations d’organisations de défense des droits de l’homme qui ont expliqué qu’Agather Atuhaire présentait des “signes de tortures”.
Une réalité en décalage avec les affirmations du diplomate ougandais chargé de la Tanzanie, Fred Mwesigye, qui a assuré que la militante était “rentrée chez elle en toute sécurité” et avait été “chaleureusement accueillie par sa famille”. De son côté, Boniface Mawangi a également affirmé avoir subi des mauvais traitements de la part des forces de sécurité tanzaniennes, rapporte Al-Monitor.
“Nous avons été torturés et on nous a dit de nous déshabiller et d’aller nous laver. Nous ne pouvions pas marcher et on nous a dit de ramper pour aller nous laver du sang.”
Menaces sur les intentions d’ingérence
Devant ces atteintes aux droits humains, les groupes régionaux de défense des droits de l’homme ont demandé l’ouverture d’une enquête. Quelques jours avant les faits, Boniface Mwabukusi, président de l’organisation Tanganyika Law Society, l’association du barreau de la Tanzanie continentale, prévenait : “Nous exhortons respectueusement les autorités de l’immigration à veiller à ce que toutes les mesures prises soient pleinement conformes à la Constitution, aux exigences légales et aux principes de justice naturelle”, selon une déclaration au site kényan Eastleigh Voice Kenya.
Et ce alors que, dans un contexte de tensions croissantes autour de ce procès de Tindu Lissu, la présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, avait mis en garde les militants étrangers contre toute ingérence dans les affaires intérieures du pays, note le site Nairobi Law Monthly.
Après la révélation de cette affaire, la présidente de Tanzanie a tenu des propos similaires, mettant l’accent sur le maintien de l’“ordre national”, relève le site The Kenya Times.