Dans la profonde transformation de l’enseignement supérieur grec, la nouvelle a fait grand bruit : l’université de la Sorbonne se prépare à installer une annexe à Athènes. “C’est la Sorbonne ou ça ne l’est pas ? Et quelle Sorbonne ? Est-elle bien classée ?” interroge I Kathimerini. Le grand quotidien de centre droit se fait l’écho du débat né de cette annonce, ouvrant l’épineux sujet de l’enseignement supérieur dans le pays.
Dans un contexte de réforme universitaire, le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis ouvre la voie à la création d’universités privées tout en promouvant l’internationalisation des établissements d’enseignement supérieur. À la mi-février, une délégation de l’université Sorbonne Paris Nord (appelée Paris 13 jusqu’en 2019) s’est ainsi rendue dans la capitale grecque pour présenter l’ouverture d’une antenne au sein d’un établissement privé déjà existant à Athènes, l’Idef College (Institution d’études francophones).
“Ce n’est donc pas la Sorbonne qui vient, mais une autre université publique française basée à Paris”, estime le site In.gr, qui décrit l’évolution des différentes appellations de la Sorbonne dans l’écosystème universitaire français. “La demande d’ouverture d’une université privée vient rappeler l’effort de longue date d’implanter des établissements privés d’enseignement supérieur dans le pays”, note ce site d’information centriste.
La gauche vent debout
Il regrette la “confusion” entretenue quant au nom de la Sorbonne et rappelle qu’un accord de coopération entre l’université française et l’établissement privé grec existe déjà depuis plusieurs années. “Il n’est cependant pas acquis que ce symbole corresponde au contenu réel en ce qui a trait à la qualité des études dispensées, au prestige académique et de recherche, et à la contribution au progrès économique et social. Ce sera le véritable test”, estime In.gr.
La situation a entraîné de vives réactions politiques, les principaux partis d’opposition, Pasok (social-démocrate) et Syriza (gauche), accusant le gouvernement conservateur d’exacerber les inégalités en privatisant de la sorte l’enseignement supérieur.
“Le gouvernement cherche à manipuler l’opinion publique en présentant l’implantation de cette université comme une avancée majeure pour l’enseignement supérieur, critique ainsi le site indépendant The Press Project. Cette stratégie repose sur une fausse impression de prestige, visant à attirer les étudiantes et étudiants en suggérant que cette antenne bénéficiera du même niveau d’excellence que son institution d’origine.”
Un phénomène qui s’inscrit dans un contexte plus large de dévalorisation des universités publiques en Grèce, déplore le site, et ne fait “qu’alimenter une vision favorable à la privatisation de l’éducation, où l’on sous-entend que le secteur privé, par nature, garantirait une meilleure qualité d’enseignement que les établissements publics”.