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Le Danemark compte interdire portables, tablettes et objets connectés dans les écoles

- Business
février 26, 2025

Jusqu’à il y a peu, le gouvernement danois refusait l’idée de légiférer sur la question épineuse de la place à accorder aux smartphones et aux tablettes personnelles des élèves à l’école. Les établissements scolaires avaient certes pour consigne de ne pas les autoriser, mais la coalition au pouvoir rechignait à imposer une loi sur le sujet. Avant “le changement de cap” annoncé mardi 25 février, constate le quotidien Politiken.

Profitant de la publication, le même jour, des recommandations d’une “commission du bien-être” des enfants, le ministre de l’Enfance et de l’Éducation, le social-démocrate Mattias Tesfaye, a annoncé que le gouvernement endossait celle qui propose de rendre les écoles “libres de téléphones portables”.

Cette recommandation va loin. Si le gouvernement décide de la suivre à la lettre, les smartphones, montres connectées et tablettes seraient interdits dans tous les établissements scolaires accueillant les élèves jusqu’à l’âge de 16 ou 17 ans (grundskole), y compris pendant les pauses. L’interdiction vaudrait aussi pour les garderies et les centres périscolaires fréquentés par les jeunes avant et après les cours, notamment l’après-midi.

Les “excuses” du ministre

“Nous avons décidé de soutenir ces idées”, a commenté le ministre dans Politiken. Il est temps, selon lui, d’agir face aux “conséquences négatives” de la présence des écrans dans les écoles. Un phénomène qu’il avait déjà dénoncé, au point de présenter fin 2023 de “grandes excuses” à toute une génération de “cobayes d’une expérience numérique”.

Selon une enquête faite par son ministère, plus d’un tiers des élèves de sixième (11-12 ans) et de huitième (13-14 ans) ont indiqué avoir été “distraits” pendant les cours par des appareils numériques tels que les téléphones portables. Et ce, alors que 84 % des établissements ont déjà pris des mesures pour limiter ou interdire l’usage de ces appareils en classe, rappelle la radiotélévision publique DR.

Pour Information, quotidien de gauche, la décision de la coalition gouvernementale (alliant sociaux-démocrates, centristes et libéraux) est “une grande victoire” pour les enfants. “Le bon sens a prévalu face à l’enthousiasme naïf pour les technologies des années 2010 et la domination des écrans dans toutes les sphères.”

Accueil en demi-teinte des proviseurs

Au centre droit, Berlingske, lui, préfère mettre l’accent sur un autre point du rapport de la “commission du bien-être” : la responsabilité des parents, qu’elle appelle à “moins négocier avec les enfants et à formuler plus d’exigences claires”, tout en cessant de les surprotéger et de les surveiller en permanence.

Du côté des élèves, on n’est pas vraiment emballé par la volonté des adultes d’interdire les portables à l’école, à en croire les réactions recueillies par Politiken : “Je peux bien voir ce qu’il y a de bon, parce que ce sera plus sain pour nous, bien sûr […]. Mais ça craint quand même, parce qu’on utilise son téléphone pour tant de choses”, commente ainsi Victor, 14 ans.

Chez les proviseurs, l’accueil est également nuancé. Pour la présidente de leur association, Dorte Andreas, le recours à une loi n’est pas nécessaire, “la grande majorité des établissements ayant déjà une politique du mobile” qui, de plus, a l’avantage d’avoir été discutée au préalable avec le personnel et les élèves, ainsi “sensibilisés”. Et la responsable de s’interroger dans Politiken sur “le rôle de policier” que les enseignants risquent d’avoir à jouer désormais.

Au Danemark, note DR en citant la commission, “94 % des jeunes ont un profil sur les médias sociaux avant l’âge de 13 ans, qui est pourtant l’âge minimal pour s’en créer un. Et les 9-14 ans passent en moyenne trois heures par jour sur TikTok et YouTube”.