[Cet article a été publié la première fois sur notre site le 19 mai 2025, et republié le 20 juin 2025]
Le phénomène a été repéré par les autorités il y a plus de dix ans, mais il s’est révélé toujours actif en mars 2025. En l’espace de dix jours, la police judiciaire [PJ] a décelé le modus operandi de réseaux internationaux de trafic de mineurs, d’abord à l’aéroport de Lisbonne, puis à celui de Porto.
Le constat est clair : le Portugal sert de plaque tournante à l’envoi d’enfants venus d’Angola, de Guinée, du Congo ou du Ghana dans divers pays européens, dont la France, la Belgique et la Suisse.
Des “mules” d’êtres humains
Premier cas le 11 mars. Après plus de sept heures de vol depuis Luanda, une femme luso-angolaise de 40 ans et un adolescent angolais de 15 ans se préparent à passer la frontière à l’aéroport de Portela, à Lisbonne.
Le mineur possède un titre de voyage unique portugais [un document de voyage délivré en urgence aux ressortissants portugais qui se retrouvent à l’étranger sans papiers] qui, après son entrée sur le territoire, lui permettra d’obtenir des documents portugais et le droit de circuler librement dans l’espace Schengen.
Son identité soulève cependant des doutes chez les policiers de la PSP [police de sécurité publique]. L’unité nationale de lutte contre le terrorisme de la police judiciaire est appelée, et le voyage, qui devait se poursuivre vers la France, s’arrête là.
“D’après ce que nous avons compris, cette ressortissante a placé en Europe des dizaines d’enfants angolais munis de faux documents par cet itinéraire, et ce au moins depuis 2020. Elle l’a même fait pendant la pandémie. Elle vivait de ça. Elle touchait 4 000 dollars (3 700 euros) par enfant”, nous explique une source officielle de la PJ.
Cette femme n’était que l’un des maillons de la chaîne : elle était responsable du transport des victimes, comme ces “mules” qui acheminent les stupéfiants de leur origine à leur destination. À l’arrivée, les mineurs étaient remis à des personnes qui les avaient achetés.
Les aides de l’État en contrepartie
“Ils vont souvent vers des familles [qui possèdent] la même nationalité qu’eux et qui les adoptent ou les prennent en charge pour obtenir des aides de l’État, lesquelles peuvent atteindre 1 500 euros par mois par tête. Et quand le nombre d’enfants passe de trois à quatre, ces aides augmentent beaucoup. C’est ça l’objectif quand on achète des enfants à ces trafiquants”, ajoute la même source. Le Portugal n’est qu’un point de passage. Les aides sociales versées ici ne poussent pas au crime.
Deuxième affaire le 22 mars. Un Angolais de 48 ans arrive à l’aéroport Sá-Carneiro de Porto, en provenance de Luanda via Istanbul (Turquie) avec une enfant de 6 ans qui dit être sa fille. Les policiers ont des doutes sur le lien de parenté entre les d