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L’Euro féminin 2025 sera une “fête joyeuse, colorée, éminemment populaire”

In Business
juillet 02, 2025

Avec l’Euro féminin de football, la Suisse va au-devant d’un mois de fête. Les stades seront pleins, ou presque. L’équipe de Suisse, jeune et enthousiaste, nous embarquera dans ses joies et ses peines. Les occasions ne manqueront pas de se rassembler autour de beaux matchs, certes disputés sur un rythme différent de la Ligue des champions masculine, mais même les détracteurs finiront par savoir les apprécier.

Cette fête, joyeuse, colorée, éminemment populaire, célébrera un grand basculement. Ce tournoi sera l’un des derniers à faire coexister des femmes qui ont grandi dans un monde où footballeuse n’était pas un métier, et d’autres qui l’ont exercé dès la fin de leur adolescence. Les voir, coéquipières ou adversaires, sur un même terrain a quelque chose de profondément émouvant.

Cela se produira en Suisse et il faut le savourer, car ça aussi, ce sera la dernière fois. L’Euro féminin a beau ne pas encore être rentable financièrement, il sera déjà trop gros pour un petit pays comme le nôtre à compter de sa prochaine édition. L’UEFA [Union des associations européennes de football] exigera des stades plus vastes, plus adaptés à la capacité nouvelle de la compétition à faire événement, comme la Coupe du monde, et, dans une moindre mesure, la Ligue des champions.

Le football des femmes poursuit son développement “par le haut”, avec des grands rendez-vous qui fédèrent et des stars qui inspirent largement le public.

“Le résultat d’une longue lutte”

L’Association suisse de football espère doubler son nombre de licenciées, de 40 000 à 80 000, dans le sillage de l’Euro, et cela ne paraît même pas d’une ambition déraisonnable. Il faut prendre la mesure de ce que cela signifierait. Les seules footballeuses seront bientôt plus nombreuses que les 60 000 adeptes de volley-ball, le deuxième sport collectif le plus pratiqué du pays, loin devant le hockey sur glace, qui n’en compte qu’environ 30 000.

Le football des femmes reste infiniment moins puissant que celui des hommes. Mais, c’est sa nouvelle réalité, il est aujourd’hui beaucoup plus structuré, suivi et soutenu que la plupart des autres disciplines sportives, tous genres confondus.

Cela aussi, bien sûr, ça se fête. Car c’est le résultat d’une longue lutte. Et dans ce processus, beaucoup de gens ont quelque chose à gagner. Les petites filles, des occasions de pratiquer. Les joueuses talentueuses, une chance raisonnable de vivre de leur passion. Les diffuseurs, les propriétaires de club et les agents, de nouveaux marchés.

Mais il ne faut pas faire preuve de naïveté, et mesurer aussi ce qui risque d’être perdu en route. Face à la culture dominante qu’est le football masculin, le football féminin s’est en bonne partie construit comme une contre-culture, revendiquant d’autres valeurs, promettant de ne jamais tomber dans les mêmes excès de fric et de culte de la personnalité. En la matière, l’heure de vérité approche.