Une boule de riz très légèrement salée, enveloppée le plus souvent d’une feuille noire d’algue nori. Pour la garniture, le choix est libre, allant du saumon grillé à la palourde, en passant par l’umeboshi (prune salée) pour les puristes ou tempuras de crevette pour les plus gourmands.
L’onigiri est l’en-cas réconfortant par excellence pour les Japonais, un peu à l’instar du sandwich jambon-beurre pour beaucoup de Français. Cette boule de riz a aussi acquis une vraie popularité à l’étranger. Le site d’actualité nippon New Sphere s’étonne ainsi de voir de longues queues devant les épiceries et ateliers où sont vendus des onigiris en plein Paris. Le média évoque un “boom” en France, dans la foulée des sushis et des ramens.
Au Japon, l’onigiri est une préparation populaire, appréciée pour sa simplicité. Il se mange d’une seule main, sans baguettes. Dans les supérettes du type 7-Eleven, omniprésentes dans l’archipel, les onigiris sont traditionnellement vendus à des prix dérisoires, environ 100 yens (0,6 euro). New Sphere ne cache d’ailleurs pas son étonnement en voyant les consommateurs français débourser entre 3 et 7 euros par pièce. “Vu du Japon, ces tarifs sont excessifs.”
Mais l’archipel est aussi en proie à l’inflation depuis quelques années, en particulier sur le prix du riz, qui se maintient à des niveaux élevés malgré l’ouverture de réserves gouvernementales. Selon l’agence de presse Jiji Tsushin, le prix du sac de cinq kilos a plus que doublé depuis 2024, après de mauvaises récoltes et en raison d’une forte demande.
Un enjeu électoral
Dans ce contexte, le prix des onigiris peut dépasser 200 yens (1,2 euro), rapporte avec une certaine sidération le quotidien Mainichi Shimbun, qui évoque aussi une “flambée du prix des algues”. “Les onigiris étaient un snack abordable qui satisfaisait rapidement les petites faims, mais avec la flambée du prix du riz, les onigiris vendus en supérette sont en passe de devenir un produit de luxe”, poursuit-il. Le journal cite notamment l’onigiri au saumon rouge maturé et grillé au charbon de bois vendu dans les 7-Eleven.
L’augmentation des prix n’aurait toutefois pas ralenti les ventes d’onigiris pour le moment. Selon un analyste, “les gens ne peuvent se permettre de voyager à l’étranger et ne peuvent pas acheter de voiture. Alors ils se contentent d’onigiris dans les supérettes.”
Le riz étant l’aliment principal du Japon, la flambée du prix de la céréale et celui de l’onigiri influenceront forcément le sort des prochaines élections sénatoriales en juillet. Déjà, Taku Eto, l’ancien ministre de l’Agriculture, a dû démissionner en mai après avoir affirmé qu’il n’avait jamais eu à acheter de riz “car ses sympathisants en donnent énormément”.
Conscient de la colère qui couve chez les Japonais contre le gouvernement, jugé incapable de gérer les hausses des prix, le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, minoritaire dans la chambre basse, va devoir faire feu de tout bois pour en finir avec la cherté de la graine blanche. “Les prix du riz reflètent la vie des Japonais en proie à l’inflation. Si on échoue à les faire baisser jusqu’aux élections, cela va forcément peser sur les résultats du scrutin”, maugrée un cadre du parti cité par le quotidien Yomiuri Shimbun.