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On ne peut pas se consoler dans les bras d’un nuage

In Business
juin 14, 2025

Je viens d’apprendre dans l’excellent journal qui m’héberge une fois par semaine que le philosophe et théologien Jean-Marc Tétaz a tout perdu à Blatten. Ou plus précisément à Ried, où il avait installé sa vie, ses travaux et ses idées. Les 170 mètres linéaires de sa bibliothèque, les notes d’une vie, les trésors de ses aïeux, les Mémoires de son grand-père, exilé du nazisme. “Tout.” Englouti par le cône de déjection [lorsque l’effondrement du glacier du Birch a enseveli le village, le 28 mai]. Qu’il soit assuré de ma profonde compassion.

Nous vivons paraît-il à l’ère de la donnée infinie. Non plus seulement du big data, mais du très très très big data, de l’omni-data. Nos moindres faits et gestes deviennent inéluctablement des 0 et des 1 dans quelque serveur dûment réfrigéré quelque part. Tout est stocké, traité, traitable, mouliné ou moulinable et in fine monétisable.

Cette vaste entreprise a pour corollaire un principe moteur, qui est aussi sa finalité dans une large mesure : la dématérialisation. L’effacement du tangible devenu encombrant, au profit de sa copie numérique, équivalente et à portée de fibre optique. En économie et en anglais, les actifs dématérialisés s’appellent d’ailleurs les “intangibles”. Et sont suffisamment