L’expression “J’peux pas, j’ai piscine” est synonyme de mauvaise excuse en français. C’est ainsi qu’on éconduit un admirateur pressant ou une amie collante. Dans mon cas cependant, c’est 100 % véridique : depuis quinze ans, je commence ma journée par faire la grenouille pendant quarante minutes dans une piscine municipale.
Je nage comme je chante, c’est-à-dire très mal, mais j’y prends bien du plaisir, tous les jours de la semaine. Cette obsession inoffensive se répercute sur mes choix de vie. Lorsque je cherche un appartement à louer, je m’assure qu’il y a bien une piscine à proximité, puis je fais en sorte de ne partir en vacances que là où je peux accomplir mon rituel, et je refuse systématiquement les invitations à prendre un café tôt le matin ou un petit-déjeuner.
Je connais d’ailleurs le mot “piscine” même dans les langues dans lesquelles je sais à peine dire bonjour. Nager dans la mer ou la piscine d’un hôtel relève du pis-aller pour moi. Pour que mon bonheur soit complet, j’ai besoin d’une piscine sûre, surveillée par des maîtres nageurs, d’une longueur de 25 à 50 mètres et d’une température de 27 ou 28 degrés. Sans toboggans, jacuzzis ni trampolines.
Un microcosme qui rend accro
Tout nageur sait que les mouvements répéti