Il est 8 heures, un mercredi matin. Je déverrouille mon téléphone et j’engage les hostilités.
“T’as des yeux de chien battu, et tes bras, c’est des gigots d’agneau.”
Puis je m’assois en silence et j’attends patiemment une réponse. Quelques minutes plus tard, mon téléphone vibre.
“Ton corps c’est un fil de fer, on pourrait faire des barbelés.”
C’est parti. Mon correspondant s’appelle James, et nous sommes amis depuis des décennies.
“T’es une Vénus de Lespugue [une statuette du paléolithique] bâclée, on t’a sculpté dans du saindoux.
— Tu ravales ton vomi.
— T’es toxique comme le glyphosate, quand les filles te touchent, elles meurent.
— Tu peux pas caguer sans ton repose-pieds.
— T’es tombé dans la cuvette des toilettes quand t’étais petit.”
Les règles du jeu sont simples : il faut insulter son ami. Il faut être créatif et profondément intime. Si tu ris, tu joues correctement. Si tu te vexes, tu perds.
Le besoin irrépressible des hommes de charrier leurs congénères masculins est une réalité à laquelle on s’intéresse peu. Et pourtant, c’est le ciment de mes relations les plus solides. Certaines de mes amitiés de longue date ont perduré pendant des dizaines d’années sur la base d’une brutale guerre psychologique. Des salves continues qui
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Fondé en 1986, The Independent est l’un des grands titres de la presse britannique de qualité. C’est aussi le premier quotidien généraliste à être devenu un journal tout en ligne. Pendant l’ère Thatcher, l’équipe avait fait le pari de publier un quotidien qui ne soit affilié ni aux conservateurs ni aux travaillistes. Pourtant, The Independent est aujourd’hui clairement un journal de gauche, proche du Parti travailliste. Surnommé The Indy, il se distingue de ses concurrents par son indépendance d’esprit, son engagement proeuropéen et ses positions libérales sur les questions de société. Dès ses débuts, le journal se distinguait également par sa fraîcheur de ton et par une maquette innovante, faisant la part belle aux photos.
Malgré un succès d’estime, la diffusion du journal, ainsi que celle de son édition dominicale, The Independent on Sunday (97 200 exemplaires en juin 2005), n’a cessé de baisser après les années 1990. En mars 2010, le titre a été racheté pour 1 livre symbolique par Alexander Lebedev, un homme d’affaires russe, également propriétaire du quotidien London Evening Standard. En février 2016, le journal a annoncé l’arrêt de ses éditions papier à partir de la fin de mars 2016.
Alexander Lebedev a par la suite transféré le contrôle des titres à son fils, Evgueni, membre de la Chambre des lords et proche de Boris Johnson. Cible de sanctions occidentales dans le cadre de l’invasion russe de l’Ukraine, il n’a plus aucun lien avec The Independent depuis 2022.
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