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Un responsable politique italien se fait volontairement arrêter pour trafic de CBD

- Business
mai 28, 2025

Âgé de 24 ans, barbe négligée, boucle d’oreille noire fièrement arborée, Filippo Blengino est certainement un leader politique atypique. Cela tombe bien, l’homme dirige un parti connu pour ses coups d’éclat : les Radicaux italiens.

Le fondateur du Parti radical, dont les Radicaux italiens sont issus, Marco Pannella, était un adepte des grèves de la faim, Marco Cappato, autre figure emblématique du parti, a été accusé d’aide au suicide dans le cadre de sa bataille pour le droit à l’euthanasie. Les Radicaux italiens sont donc historiquement des adeptes de la désobéissance civile comme arme de lutte politique. Et c’est par ce prisme qu’il faut interpréter la dernière initiative de Blengino, dont Il Manifesto raconte le déroulé.

“Mardi 20 mai, le secrétaire des Radicaux a ouvert un ‘point de vente’ de CBD [cannabidiol, une substance présente dans la plante de cannabis] au sein du siège romain du parti, détaille le quotidien communiste. Son objectif était de défier le décret du gouvernement qui met sur le même plan le cannabis light, qui n’a pas d’effets psychotropes, et le cannabis normal. Blengino a dû passer plusieurs coups de fil à la police avant que celle-ci ne rapplique et qu’il réussisse enfin à se faire arrêter”, s’amuse le journal romain.

Vingt-deux mille emplois menacés ?

Une provocation que d’aucuns trouveront amusante, mais le sujet est très sérieux, prévient Il Manifesto. “Les Radicaux ont calculé qu’à cause de l’interdiction du CBD 22 000 emplois risquent de partir en fumée”, indique par un habile jeu de mots le média de gauche. En effet, l’Italie est l’un des plus gros producteurs européens de “cannabis light”, si bien que l’enjeu n’est pas seulement éthique et moral, mais aussi économique, aux yeux de Blengino, qui se dit prêt à assumer tous les risques. Théoriquement, la peine pour trafic de CBD peut aller jusqu’à vingt ans d’emprisonnement, a-t-il lui même précisé.

Désormais, l’acteur de la bataille se dit satisfait et détaille sa stratégie à travers cette déclaration, relayée par le quotidien turinois La Stampa :

“Avoir réussi à se faire arrêter, c’est un résultat très important, car, de cette façon, il y aura un procès où l’on essaiera de soulever la question d’illégitimité devant la Cour constitutionnelle, qui annulera sûrement cette norme liberticide et anticonstitutionnelle.”

Un plan à l’issue incertaine et qui risque de se perdre dans les méandres du système judiciaire transalpin. Mais le leader des Radicaux n’en démord pas : “Nous avions promis que nous démembrerions le décret sécurité [qui comporte aussi d’autres normes] article par article à force de désobéissance civile. Cela n’est que le début.”