Selon le compte rendu qu’en fait la presse au Nigeria et à l’international, tout est parti d’un entretien télévisé donné le 28 février par la sénatrice Natasha Akpoti-Uduaghan. Elle y affirme que Godswill Akpabio, président du Sénat du Nigeria, lui a fait des avances sexuelles non sollicitées en 2023.
L’élue a ensuite déposé une requête portant sur ces faits qui a été rejetée par la commission d’éthique du Sénat en raison de violations des règles de procédure, indique Al-Jazeera. Et la commission a recommandé sa suspension pour six mois pour avoir “jeté l’opprobre” sur le Sénat, ajoute la BBC.
La sénatrice, l’une des quatre femmes de la chambre haute, qui compte 109 sièges, a été empêchée de s’exprimer au Sénat le 6 mars, avant d’être escortée hors du bâtiment par des membres des forces armées. Elle a contre-attaqué en déposant plainte auprès de la Haute Cour fédérale, indique le titre nigérian Business Day.
“Honte, honte, honte !”
Dans la presse nigériane, l’affaire est largement commentée. Dans une tribune publiée par This Day, la juriste nigériane Onikepo Braithwaite déplore l’affaire, relevant qu’elle est survenue à l’approche du 8 mars.
“C’est ainsi que le Nigeria choisit de célébrer sa propre Journée internationale des droits des femmes 2025 – en dégradant les femmes. Honte, honte, honte !”
L’avocate rappelle que le harcèlement sexuel est bien prohibé et condamné par la législation du pays. Elle note que la sénatrice a affirmé que le président du Sénat lui aurait proposé un marché sans équivoque et “donnant-donnant” : “Si vous acceptez ma demande sexuelle, je vous offrirai des postes confortables et des perspectives de travail (que vous le méritiez ou non).”
Onikepo Braithwaite souligne qu’au Sénat la représentation des femmes est inférieure à 4 %, tandis que la Chambre des représentants ne compte que 17 femmes sur 360, soit un peu moins de 5 %. Et de faire observer les tares de la démocratie nigériane : “Le Sénat nigérian punit sévèrement ses membres qui osent exprimer publiquement leur désaccord ou faire des déclarations publiques qui, selon eux, les exposent ou les ridiculisent aux yeux du public.”
De son côté, The Nation regrette vivement dans un éditorial “une descente dans l’indécence”. “À l’heure où le pays est aux prises avec le coût de la vie et les malheurs de jeunes sans foi ni loi qui se font passer pour des bandits, le Sénat devrait se plonger dans des idées et des projets de loi qui aideraient le pouvoir exécutif à relever le pays”, tance le média nigérian.