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“urbanisme autoritaire” ou modernisation ?

In Business
juin 12, 2025

La récente opération d’expropriations menée par les autorités gabonaises dans le quartier de Plaine-Oréty, dans la capitale, a provoqué une onde de choc politique et sociale. Au cœur de la controverse, des destructions de logements jugées illégales par plusieurs élus et acteurs de la société civile.

Le député Lionel Ella Engonga, également défenseur des droits de l’homme, a annoncé avoir saisi l’Assemblée nationale de transition afin de demander “la mise en place urgente d’une commission d’enquête parlementaire”, estimant qu’il est du devoir des parlementaires de “garantir que la loi s’applique à tous, sans abus ni privilèges”, rapporte Gabon Actu. Il réclame que toute la lumière soit faite sur “la chaîne de décision ayant conduit à cette démolition, en violation des normes nationales et internationales”.

Le Gabon. COURRIER INTERNATIONAL

De son côté, le site d’actualités Gabon Review rapporte que Ludovic Megne Ndong, représentant du gouvernement, affirme que les procédures ont été respectées, tout en reprochant à certains habitants d’avoir “usé de la ruse, peut-être pour davantage s’enraciner sur ce site appelé derrière le canal”. Selon lui, ces opérations s’inscrivent dans un processus de modernisation nécessaire face à l’urbanisation anarchique de Libreville depuis l’indépendance.

Des familles dormant à même le sol

Ces explications n’apaisent pas les critiques. Pour Dépêche 241, les méthodes employées rappellent étrangement celles de l’ère Bongo, marquées par des expulsions musclées au nom de la restructuration de l’espace urbain. Le média gabonais évoque une continuité dans les pratiques autoritaires, malgré le discours de rupture du général Oligui Nguema, arrivé au pouvoir en août 2023 après le renversement d’Ali Bongo. Il sera confirmé à la tête du pays à l’issue du scrutin présidentiel du 13 avril 2025.

Radio Tam Tam souligne que, pour les autorités, il s’agit d’un projet d’aménagement : une cité administrative et un boulevard censé désengorger le centre de la capitale et lutter contre les inondations et le mal-logement. Mais pour beaucoup, cette opération s’apparente davantage à de “l’urbanisme autoritaire” qu’à une véritable politique de modernisation.

Et, déplore le média gabonais, plus d’une semaine après les expulsions, des familles restent livrées à elles-mêmes, dormant à même le sol, “au milieu des gravats”. Aucune solution de relogement officielle ne leur a été proposée, et “ce silence institutionnel, face à la gravité de la situation humaine, nourrit colère et incompréhension”.