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verdict compréhensible ou “erreur judiciaire” ?

In Business
juillet 03, 2025

Après sept semaines d’un procès hypermédiatisé, le magnat du hip-hop P. Diddy a été reconnu mercredi coupable de transport de personnes à des fins de prostitution. Mais il a surtout été acquitté des accusations de trafic sexuel et d’association de malfaiteurs.

Et même s’il risque encore de “passer des décennies derrière les barreaux, l’ambiance au sein de la défense était à la célébration”, observe Variety. Car “hormis un acquittement complet, il ne pouvait espérer meilleur résultat”.

À l’énoncé du verdict, le rappeur – de son vrai nom Sean Combs – “s’est agenouillé devant sa chaise et a semblé prier”, raconte The Guardian. “Il s’est ensuite tourné vers la galerie et a applaudi, suscitant des applaudissements et des acclamations”.

De fait, “Combs échappe désormais au risque de réclusion criminelle à perpétuité pour les trois chefs d’accusation les plus graves retenus contre lui”, explique Rolling Stone. Cependant, “sa condamnation pour prostitution pourrait lui valoir jusqu’à 20 ans de prison, chaque chef d’accusation étant passible d’une peine maximale de 10 ans”, précise le magazine.

Rejet de la libération conditionnelle

Les avocats ont néanmoins annoncé qu’ils demanderaient le peine minimum, fixée entre 21 et 27 mois, et les experts judiciaires estiment que la sentence pourrait être encore moins lourde, sachant que le rappeur n’avait aucun antécédent judiciaire.

En revanche, il devra rester derrière les barreaux jusqu’au prononcé de sa sentence, fixé au 3 octobre. Le juge de l’affaire, Arun Subramanian, a en effet rejeté sa demande de libération conditionnelle, estimant que “les avocats de Combs n’avaient pas réussi à démontrer” qu’il ne représentait “aucun danger pour quiconque”, rapporte People.

La bible américaine des célébrités souligne que les avocats du rappeur avaient pourtant proposé “une caution d’un million de dollars, cosignée par sa mère, sa sœur et la mère de sa fille aînée”.

Les sept semaines de procès du magnat du hip-hop ont dressé le portrait d’un homme “très riche, incontrôlable et violent, redouté par le vaste réseau d’associés qu’il utilisait pour se procurer de la drogue et assouvir ses fantasmes”, résume Il Corriere della Sera.

“Au cœur de l’affaire se trouvaient les ‘freak-offs’ de Combs, des orgies minutieusement mises en scène” au cours desquelles deux ex-petites amies “ont déclaré sous serment que Combs les avait forcées à avoir des relations sexuelles avec des inconnus pendant qu’il les regardait”, poursuit le quotidien italien.

« Confusion et indignation »

Mais était-ce suffisant pour le considérer coupable de trafic sexuel et d’association de malfaiteurs ? Le verdict “a suscité la confusion et l’indignation du public”, note USA Today.

“Après avoir entendu des récits détaillés de relations sexuelles forcées, de soirées ‘freak-off’ alimentées par la drogue, de surveillance, de coups et de manipulation émotionnelle, beaucoup ont estimé que l’affaire était un exemple clair de traite d’êtres humains” et le verdict “a été ressenti comme une erreur judiciaire”.

Mais le quotidien américain estime que les activités de P. Diddy n’entraient pas dans le cadre du trafic sexuel, tel que défini par la loi. “La solution n’est pas d’intégrer les cas d’abus très médiatisés dans la législation sur la traite des êtres humains. Il s’agit de modifier les lois qui ne sont pas adaptées à la situation actuelle”, notamment celles sur les abus sexuels.

The Times partage cet avis et n’est guère surpris par l’issue du procès : le “mode de vie alternatif” de P. Diddy défendu par ses avocats et révélé durant le procès était-il “détestable ? Oui. Dégoûtant ? Bien sûr. Mais ce n’était pas du trafic sexuel illégal”.

« Victoire de taille pour Combs »

The Atlantic pense d’ailleurs que “la conversation sur cette affaire” ne va pas “se concentrer très longtemps sur des questions techniques” et s’attend plutôt au retour en grâce du rappeur.

“La culture populaire aime les martyrs ; elle aime les histoires de retour ; et franchement, elle aime les hommes”, écrit le magazine. À l’époque actuelle, “de nombreux hommes qui ont été culturellement rejetés pendant le mouvement #MeToo reviennent sur le devant de la scène tout en étant acclamés comme des outsiders vengeurs”.

Le verdict “constitue une victoire de taille pour Combs, qui ne fera qu’alimenter sa légende auprès de ses partisans”, ajoute en écho Le Soir. Mais l’histoire ne s’arrêtera sans doute pas là : “Il est toujours passible d’une condamnation pour des délits liés à la prostitution, et fait toujours face à un déluge de plaintes pour agressions sexuelles”, souligne le titre belge.

Le rappeur fait face à “des centaines de plaintes” émanant d’hommes et de femmes, “la plupart l’accusant d’avoir été violés sous l’influence de drogues fournies par lui et ses collègues à leur insu”, confirme El País. “Un long chemin judiciaire attend donc Combs, autrefois tout-puissant, triple lauréat d’un Grammy, riche homme d’affaires pesant près d’un milliard de dollars. Il devra préparer sa fortune pour ses prochains avocats”.