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Au Chili, le gouvernement propose de légaliser l’avortement jusqu’à quatorze semaines de grossesse

In Monde
mai 29, 2025

Le gouvernement chilien a annoncé, mercredi 28 mai, avoir soumis au Parlement un projet de loi visant à rendre l’avortement légal jusqu’à quatorze semaines de grossesse, l’une des principales promesses du président de gauche, Gabriel Boric, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, en 2022.

« Trente-six ans après l’interdiction de l’avortement thérapeutique dans notre pays, par le biais d’un décret dictatorial, nous allons aujourd’hui ouvrir le débat au Parlement », a déclaré la ministre de la femme, Antonia Orellana, lors d’une conférence de presse. Elle faisait référence à l’une des dernières mesures prises par la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) avant de remettre le pouvoir à un gouvernement démocratique.

Pendant plus de cinquante ans, jusqu’en 1989, l’avortement était autorisé au Chili en cas de danger de mort pour la mère ou de fœtus non viable. Mais juste avant de quitter le pouvoir, Augusto Pinochet avait décrété une interdiction en toutes circonstances, maintenue ensuite sous la pression de l’Eglise catholique et des groupes conservateurs.

Depuis 2017, l’avortement est autorisé dans le pays sud-américain mais seulement en cas de danger pour la vie de la mère, de l’enfant ou de viol.

« Naïf »

Le projet de loi du gouvernement risque de connaître un parcours difficile au Parlement, où le président Boric ne dispose pas d’une majorité dans les deux chambres et alors que l’opposition rejette l’élargissement du droit à l’avortement. Mme Orellana a d’ailleurs reconnu qu’il serait « naïf » de croire que le projet sera débattu jusqu’à son terme sous le gouvernement Boric, qui doit prendre fin en mars 2026.

Dépénaliser l’avortement sous toutes ses formes est une revendication historique des collectifs féministes au Chili. Selon le Centre d’études publiques, 34 % de la population chilienne considèrent qu’il devrait être une option pour les femmes en toutes circonstances, tandis que 50 % estiment qu’il ne devrait être autorisé que dans des cas particuliers.

En 2022, une proposition de nouvelle Constitution pour remplacer l’actuelle, héritée de la dictature d’Augusto Pinochet, et qui prévoyait notamment l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse, avait été rejetée dans les urnes. Elle avait été rédigée par une Assemblée constituante majoritairement de gauche et soutenue par Gabriel Boric.

Le Monde avec AFP

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