Pour la première fois, l’Egyptian Media Hub (Pôle médiatique égyptien) est officiellement présent au Marché du Film du Festival de Cannes, qui se tient du 13 au 24 mai 2025, avec un stand professionnel qui marque une étape décisive dans la stratégie de rayonnement international du contenu égyptien. Ce projet collectif, lancé lors du MIPCOM à Cannes en octobre 2023 – le Marché international de la coproduction et du contenu de divertissement – prend aujourd’hui toute son ampleur dans l’un des plus grands carrefours du cinéma mondial. La présence du Hub à Cannes 2025 confirme la volonté de structurer l’industrie égyptienne autour d’une parole commune, capable de porter les ambitions d’un pays historiquement central dans le paysage audiovisuel arabe.
Le Marché du Film, qui se tient chaque année en parallèle du Festival de Cannes, est un espace stratégique pour les producteurs, distributeurs, institutions, plateformes et festivals. Il permet aux professionnels du monde entier de vendre, acheter, coproduire ou diffuser des films. La présence d’un stand dédié au Egyptian Media Hub dans ce contexte traduit une volonté claire: celle de construire un outil de représentation collective, capable de défendre à l’international la création égyptienne sous toutes ses formes, et de favoriser sa circulation. Ce n’est plus une participation individuelle ou sporadique à un événement de marché, mais l’apparition d’un acteur structuré, pensé pour durer.
La participation du Egyptian Media Hub au Festival de Cannes se fait sous l’égide du ministère de la Culture égyptien, avec la contribution d’organismes publics et d’entreprises privées, ainsi que celle de treize entités égyptiennes œuvrant dans les domaines de la production, de la distribution, de l’écriture, du montage et des effets visuels. D’autres acteurs du secteur cinématographique sont également représentés : Shahinaz Al-Akkad, Mohamed Hefzy, Ahmed Badawy, Ali Al-Araby, Mohamed Abdel Wahab, Mariam Naoum, Hesham Fathy, Alaa Lashin, Adly Toma, Cédric Aoun et Ihab Munir, en collaboration avec Marwa Abu Leila et Nadine Abdel Ghaffar. Ils sont tous réunis autour d’un objectif commun : redonner une visibilité cohérente et contemporaine à la richesse de l’industrie égyptienne. Ce regroupement permet de montrer un visage professionnel, organisé et dynamique du secteur audiovisuel égyptien, et de présenter une offre lisible aux partenaires internationaux. Il ne s’agit pas seulement de mettre en avant des films ou des projets isolés, mais de représenter un écosystème en pleine mutation, capable d’exporter ses talents et ses récits, de proposer des services compétitifs et d’initier des coproductions ambitieuses.
Derrière cette initiative, des figures influentes de la production égyptienne ont joué un rôle moteur, à commencer par Shahinaz El-Akkad, fondatrice de Lagoonie Film Production, qui œuvre depuis plusieurs années à l’internationalisation du cinéma égyptien. Son engagement au sein du Hub, aux côtés d’autres professionnels reconnus, traduit une vision à long terme : professionnaliser les échanges, créer des passerelles solides avec les marchés étrangers, et inscrire durablement l’Égypte dans les réseaux globaux de création et de diffusion audiovisuelle. Cette dynamique s’accompagne d’une volonté de renouvellement des récits, avec des projets ancrés dans les réalités contemporaines du pays, porteurs d’un regard neuf et varié sur la société égyptienne.
« L’Égypte est l’un des plus anciens pays producteurs de films au monde, pionnière du cinéma dans la région arabe. Cette initiative a pour vocation de célébrer la créativité et le talent des artistes égyptiens, ainsi que leurs contenus artistiques spécifiques. Notre mission est de diffuser ces œuvres sur les plateformes internationales et de bâtir des réseaux d’influence solides, d’autant plus que le contenu artistique égyptien est très demandé dans le monde arabe. Nous aspirons évidemment à élargir encore ces collaborations et partenariats. » a déclaré Shahinaz El-Akkad.
Et elle poursuit : « Après le succès de notre lancement au MIPCOM de Cannes, où nous avons représenté plus de huit sociétés et reçu une reconnaissance particulière de la part de nombreuses entités, nous sommes ravis de poursuivre cette aventure, de présenter nos œuvres singulières sur l’un des marchés mondiaux les plus prestigieux et de mettre en lumière notre culture remarquable ».
Le lancement du Egyptian Media Hub au MIPCOM en octobre dernier constituait une première étape importante. Huit sociétés y avaient participé, posant les bases d’un réseau de collaboration inédit. Le choix de Cannes pour la suite logique de cette initiative n’a rien d’un hasard : c’est ici que se jouent les grands équilibres du cinéma mondial, c’est ici que se négocient les alliances les plus stratégiques, et c’est ici que les pays affirment leur identité audiovisuelle à travers des présences visibles, pensées, assumées. Le stand du Hub permet ainsi de multiplier les rendez-vous avec des acheteurs, distributeurs, responsables de plateformes et représentants de festivals du monde entier, tout en servant de point de ralliement pour les professionnels égyptiens présents au Marché.
Cette nouvelle stratégie égyptienne ne se limite pas à la présence du Hub. Elle s’inscrit dans une mobilisation plus large de l’Égypte à Cannes cette année. En parallèle du stand professionnel, un pavillon national accueille les visiteurs au sein du Village international, où sont représentés les pays du monde entier. Géré par le Festival International du Film du Caire, le Festival du Film d’El Gouna et la Commission égyptienne du film, ce pavillon remplit une fonction diplomatique et de représentation officielle, complémentaire au travail plus opérationnel mené par le Hub. Il témoigne d’une volonté partagée, publique et privée, de renforcer la présence égyptienne dans tous les espaces du festival.
Le Centre du Cinéma Arabe, également présent au Marché du Film, participe à cette dynamique collective en rassemblant les initiatives de plusieurs pays de la région. L’Égypte y joue un rôle moteur, forte de son histoire cinématographique et de son réseau de talents. Ce partenariat permet de faire exister les voix arabes dans un marché globalisé, de créer des passerelles régionales et de donner une visibilité accrue aux œuvres du monde arabe.
Cette stratégie de visibilité professionnelle trouve par ailleurs un écho sur le plan artistique : deux films égyptiens figurent cette année dans la sélection officielle du Festival. Aisha Can’t Fly Away, réalisé par Morad Mostafa, est présenté dans la section Un Certain Regard, tandis que La vie après Siham de Namir Abdel Messeeh, figure dans la sélection ACID. Ces sélections renforcent le discours porté par le Hub : le cinéma égyptien est bien là, à la fois dans les œuvres, dans les structures, dans les échanges et dans les idées. Il ne se contente pas d’être visible, il est organisé pour l’être pleinement.
Le Egyptian Media Hub entend capitaliser sur cette présence à Cannes pour établir des relations pérennes, ouvrir de nouvelles perspectives de coproduction, développer la circulation de ses contenus et affirmer une identité contemporaine du cinéma égyptien. Il s’agit non seulement de faire connaître des films, mais aussi de proposer un modèle professionnel à la hauteur des standards internationaux. La création égyptienne ne demande qu’à franchir de nouvelles frontières ; elle s’en donne enfin les moyens.
Neïla Driss