

Après deux mois et demi d’audiences, le procès sur la mort de Diego Maradona a été déclaré nul jeudi 29 mai, a annoncé le tribunal de San Isidro. Il devra reprendre avec un nouveau panel de juges. En cause, un scandale ayant entraîné la récusation de la juge Julieta Makintach, l’une des trois magistrates du procès, pour s’être prêtée à un documentaire non autorisé.
Après avoir entendu les parties, le juge Maximiliano Savarino, président du tribunal, a estimé que la conduite de la juge récusée avait « engendré un préjudice pour les parties accusatrices comme pour les défenses ». Il a en conséquence prononcé la « nullité du procès » et estimé que celui-ci devra reprendre « avec un autre tribunal », donc d’autres juges, sans évoquer d’échéance.
Les vingt audiences conduites en deux mois et demi, avec une quarantaine de témoins entendus, certains − comme les filles de Maradona − pendant de longues heures éprouvantes, ou encore les perquisitions menées dans une clinique, devront donc repartir de zéro.
Dans ce procès phare qui fascine en Argentine et au-delà, sont jugés sept professionnels de santé − médecins, psychiatre, psychologue, infirmiers − pour des négligences ayant potentiellement entraîné la mort de Diego Maradona, en novembre 2020, après des heures d’agonie selon l’accusation, sur un lit de convalescence à Tigre (près de San Isidro), après une neurochirurgie pourtant sans accroc.
La date de reprise incertaine
Mardi, le tribunal avait prononcé la récusation de la juge Makintash, estimant que sa position était devenue intenable après la révélation de sa participation − à l’insu de tous − à la préparation d’une minisérie documentaire dont elle était une protagoniste-clé. « Une mort, une idole, une juge, un procès », promettait la bande-annonce, diffusée à l’audience dans la stupéfaction.
Des avocats de la défense − comme celui de Leopoldo Luque, médecin personnel de Maradona − avaient alors demandé la reprise du procès, mais avec un nouveau trio de magistrats, considérant celui-ci entaché. Le procureur Patricio Ferrari avait appuyé ce changement d’équipe, déplorant « une contamination horizontale » qui « empêche la continuité ». « Quelquefois, il faut faire deux pas en arrière pour faire un pas en avant. »
L’avocat du groupe privé prestataire de soins, qui devait fournir équipement médical et suivi pendant la convalescence sous la responsabilité de l’équipe jugée, avait, lui, réclamé purement et simplement la nullité.
Alors que le procès devait initialement s’étirer jusqu’en juillet, à raison de deux audiences par semaine, le procureur disait mercredi espérer « que le procès reprenne cette année ».