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En RDC, la ville de Goma toujours sous les tirs, plusieurs ambassades attaquées par des manifestants à Kinshasa

- Monde
janvier 28, 2025

Les tirs résonnent encore, mardi 28 janvier, dans certains quartiers de Goma, grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), livrée aux combats entre forces armées congolaises et combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises. Au moins 17 personnes ont été tuées et 367 blessées dans ces combats au cours des deux derniers jours, selon les bilans de plusieurs hôpitaux de la ville submergés. Le président, Félix Tshisekedi, qui ne s’est encore pas exprimé depuis le début de la crise, devrait s’adresser à la nation dans la journée.

Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies sur la RDC est prévue dans l’après-midi. Après une précédente réunion dimanche. Le gouvernement congolais a fustigé une déclaration « vague » de l’ONU sans exigence claire au Rwanda de quitter le sol congolais, alors que plusieurs milliers de troupes rwandaises sont présentes dans la région. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine tiendra, pour sa part, à la mi-journée une « session d’urgence » pour tenter de répondre à la situation. Le Kenya a par ailleurs convoqué une rencontre, mercredi, entre le président de la RDC et son homologue rwandais, Paul Kagame.

Le M23 et les soldats rwandais sont entrés dimanche soir dans la cité de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés, au terme d’une progression éclair de quelques semaines, lancée après l’échec mi-décembre d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola. L’armée sud-africaine a annoncé mardi que quatre soldats supplémentaires ont été tués en RDC, portant à dix-sept les membres de la force régionale d’Afrique australe (SAMIRDC) et de la mission onusienne (Monusco) morts ces derniers jours dans des combats contre le M23.

Des ambassades, dont celle de la France, attaquées à Kinshasa

D’après des vidéos circulant en ligne, notamment relayées par le média en ligne The Voice of Congo, et un diplomate européen auprès de l’agence Reuters, l’ambassade de France à Kinshasa vient d’être partiellement incendiée par des manifestants en colère, tandis que celles du Rwanda, du Kenya, des Etats-Unis de l’Ouganda sont aussi attaquées. Des vidéos montrent notamment des pillages en cours dans l’ambassade de l’Ouganda.

A Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, coincée entre le lac Kivu et la frontière avec le Rwanda, plusieurs dizaines de combattants du M23 reconnaissables à leurs tenues et équipements, remontaient l’une des principales artères dans la matinée. Des habitants ont bravé la peur et sont descendus vers le lac pour puiser de l’eau, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Les rafales ne sont pas bien loin. Mais pendant trois jours, la population est restée cloîtrée et il n’y a plus ni eau, ni électricité. Les installations ont été détruites dans les bombardements.

Plusieurs disent avoir été braqués par des miliciens ou militaires congolais en débandade. Il est encore difficile de dire quelles parties de la ville sont déjà tombées aux mains du M23 et de l’armée rwandaise. Le président, Félix Tshisekedi, qui ne s’est encore pas exprimé depuis le début de la crise, devrait s’adresser à la nation dans la journée. Le gouvernement congolais a assuré lundi vouloir « éviter le carnage », selon son porte-parole, Patrick Muyaya.

Les nouvelles violences ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Dans l’est de la RDC, riche en ressources naturelles, les conflits et les rébellions s’enchaînent depuis plus de trente ans. « Un demi-million de personnes de plus ont été déplacées rien que ce mois-ci », a annoncé le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, mardi sur X.

Situation humanitaire « extrêmement inquiétante »

La situation humanitaire à Goma est « extrêmement inquiétante », a encore alerté mardi l’ONU, qui concentre désormais ses missions sur la protection des civils qui « paient le prix le plus élevé ». Les Nations unies s’est également dite « préoccupée » par la pénurie alimentaire à Goma et ses environs après la suspension des activités d’assistance alimentaire dans cette région de l’est de la République démocratique du Congo, en proie à de violents combats. « Les prochaines 24 heures seront cruciales car les gens commencent à manquer de provisions et devront voir ce qu’ils peuvent trouver pour survivre », a déclaré une porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) en RDC, Shelley Thakral, depuis Kinshasa.

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Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a de son côté alerté mardi sur les risques de dissémination de virus, dont Ebola, à partir d’un laboratoire à Goma, en raison des violents combats. Le CICR « est très préoccupé par la situation au sein du laboratoire de l’Institut national de recherche biomédicales » et appelle à « préserver les échantillons qui peuvent être touchés par les affrontements et qui pourraient engendrer des conséquences inimaginables si les souches bactériologiques, dont le virus Ebola, qu’il abrite venaient à se répandre », a déclaré son directeur régional, Patrick Youssef, lors d’un point de presse à Genève.

Le Monde avec AFP

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