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L’atlantisme, l’alliance qui structurait le monde occidental, une idée désormais mise à mal

In Monde
mars 05, 2025

Histoire d’une notion. Maintenir la cohésion du bloc occidental et une relation transatlantique forte face au danger soviétique : tel était, au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’objectif stratégique des Etats-Unis alors même que leurs alliés britannique et français étaient exsangues dans une Europe dévastée.

« Keep Russians out, Americans in and Germans down » (« garder les Russes dehors, les Américains dedans et les Allemands sous contrôle »), cinglait en une formule lapidaire le premier secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Lord Ismay, pour résumer la mission de l’organisation créée en 1949.

C’est alors qu’apparaît véritablement la notion d’« atlantisme ». L’OTAN fut et reste – mais encore pour combien de temps ? – la concrétisation la plus évidente d’un lien organique entre les deux rives de l’océan qui allait bien au-delà du seul domaine militaire. « L’atlantisme s’appuie sur deux piliers interdépendants, une communauté de valeurs (démocratie, libertés individuelles, Etat de droit) et une communauté d’intérêts avec une vision partagée des grands enjeux stratégiques et des moyens d’y répondre afin de créer une véritable communauté de défense et de sécurité », résume Alexandra de Hoop Scheffer, présidente pour l’Europe du think tank German Marshall Fund.

« Mort cérébrale »

La disproportion de moyens entre les Etats-Unis et les autres membres de l’Alliance était évidente dès le début ; ces derniers sont moins des alliés, c’est-à-dire des égaux, que des protégés. Le traité de l’Atlantique Nord prône une stratégie défensive pour les pays signataires, avec une assistance mutuelle en cas d’agression spécifiée dans l’article 5, mais il se réfère aussi explicitement à la protection d’un ordre libéral et démocratique.

Non sans hypocrisie puisque le Portugal du dictateur Salazar intégra l’OTAN dès sa fondation, et que des pays membres comme la Turquie et la Grèce ont connu des dictatures. Cette vision s’est encore plus affirmée quand, après la fin de la guerre froide, l’OTAN a dû trouver une nouvelle raison d’être, tout en s’élargissant vers les anciens pays de l’Est, qui y voyaient la seule véritable garantie de sécurité.

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