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L’attaque stupéfiante de l’administration Trump contre la science

- Monde
mars 11, 2025

L’offensive fulgurante de l’administration Trump contre la science est sans égal, surtout venant d’une nation démocratique. Elle se caractérise par des licenciements brutaux, l’interruption des financements et l’obstruction des programmes de recherche, ce qui est ahurissant. L’aspect dystopien de cette campagne a été révélé avec la divulgation d’une liste de termes interdits dans les recherches et documents officiels, tels que ‘climat’, ‘pollution’, ‘injustice’, et toute mention de genre ou de race. Face à cette censure, des chercheurs envisagent d’utiliser des expressions détournées pour échapper à la vigilance des surveillants de Trump.

La démarche de Trump trouve ses racines dans une idéologie, masquée par une prétendue lutte contre la fraude et le gaspillage. Inspirée par le Projet 2025, élaboré par des groupes de réflexion ultraconservateurs, elle vise à purger le milieu académique et les agences gouvernementales de toute initiative liée aux programmes de ‘diversité, équité et inclusion’ (DEI), et à freiner les recherches qui mettent en lumière les dommages environnementaux et climatiques, ainsi que ceux justifiant des réglementations rejetées par les industriels.

Cette offensive s’inscrit dans un contexte mondial où les libertés académiques reculent. En 2024, 45,5 % de la population mondiale, soit 3,6 milliards de personnes, vivaient dans un environnement dépourvu de ces libertés, selon un index de l’université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nuremberg (Allemagne). La Chine, la Russie et l’Inde sont en bas du classement, et les États-Unis ont connu un déclin notable depuis 2019 sous la pression des républicains. Les éditions futures de l’index vont sûrement noter l’offensive actuelle.

Nous entrons dans ce que l’historien des sciences Robert Proctor appelle ‘l’âge d’or de l’ignorance’, où une lutte active contre l’établissement des faits est en cours, notamment concernant la crise climatique et les injustices sociales. Lorsque tout devient une question d’opinion, comme c’est souvent le cas sur les réseaux sociaux et dans certains médias, le débat démocratique éclairé est compromis, voire impossible.

La science est une quête internationale et collaborative. Les atteintes aux efforts de recherche aux États-Unis auront des conséquences sur les programmes mondiaux de collecte et d’analyse de données cruciales pour l’avenir de notre planète et notre compréhension de l’Univers.

Face à cette situation, la France, qui lutte déjà pour offrir des conditions de vie et de recherche décentes à ses scientifiques, ne peut pas intensifier l’initiative d’Emmanuel Macron lancée en 2017 pour accueillir des scientifiques américains ‘dissidents’. Une politique d’accueil ambitieuse devrait être mise en œuvre à l’échelle européenne, tout comme les efforts pour dupliquer et sauvegarder les bases de données menacées aux États-Unis. Ce moment critique appelle à une créativité urgente de la part des scientifiques et des dirigeants européens.