Leslie Vinjamuri, qui enseigne les relations internationales à l’Université de Londres et dirige le programme ‘États-Unis et Amériques’ au sein de Chatham House, un think tank influent du Royaume-Uni, observe que Donald Trump a précipité un changement géostratégique que les États-Unis avaient entamé sous l’ère Obama. Elle souligne que le Royaume-Uni est confronté à une tension entre la nécessité de maintenir des liens transatlantiques solides et l’ambition de gagner en autonomie, notamment pour se détacher de l’influence perturbatrice de Washington.
La ‘relation spéciale’ entre les États-Unis et le Royaume-Uni, terme historiquement utilisé par Winston Churchill, a été mise à rude épreuve par la crise géopolitique initiée par Donald Trump. Vinjamuri explique que les États-Unis avaient planifié un repositionnement stratégique depuis la crise financière de 2008, une démarche que l’administration Obama avait envisagée en réévaluant les priorités d’investissement du pays. Cependant, ce processus s’est accéléré de manière abrupte avec l’arrivée de Trump.
Depuis l’administration Obama, les États-Unis se sont davantage concentrés sur l’Asie-Pacifique que sur l’Europe, cherchant à diminuer leur engagement européen. Cependant, divers événements, notamment la lutte contre l’État islamique au Moyen-Orient, ont compliqué ce détachement. Aujourd’hui, face à une Chine en pleine ascension, les États-Unis cherchent à accélérer leur pivot vers l’Asie.
Le président actuel des États-Unis, dont la personnalité et la vision du monde diffèrent grandement de ses prédécesseurs, semble avoir une certaine affection pour le Royaume-Uni, appréciant la monarchie, le Premier ministre Keir Starmer et l’Écosse, tandis que l’Union européenne ne suscite pas son intérêt. Cette indifférence envers l’UE pourrait théoriquement positionner le Royaume-Uni favorablement par rapport à l’Europe dans la perspective américaine.