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Tunisie : Et si les Européens avaient fini par comprendre ? 

In Monde
mai 29, 2025

En 2022, les capitales européennes observaient Tunis avec une inquiétude grandissante. Les décisions du président Kaïs Saïed — gel du Parlement et refonte de la Constitution, avaient alors suscité une volée de critiques, parfois virulentes. 

 

L’Union européenne, se posant en garante des principes démocratiques, semblait alors prête à prendre ses distances avec une Tunisie. Deux ans plus tard, le ton a radicalement changé : soutien financier, accords de coopération renforcée, visites de haut niveau… À quoi tient donc ce revirement ? Ont-ils, comme certains l’affirment, fini par céder ?

La réponse tient en un mot : migration. Ou plus précisément, en l’urgence de contenir les flux migratoires clandestins qui, depuis les côtes tunisiennes, prennent la mer vers l’Europe. L’Union européenne, et en premier lieu l’Italie, a rapidement compris que la Tunisie n’était plus seulement un voisin méditerranéen en crise politique, mais aussi un acteur-clé pour contenir un phénomène qui fragilise les équilibres internes des pays européens. En 2023, les arrivées de migrants par la mer ont battu des records. Et parmi les points de départ les plus actifs, les côtes tunisiennes figuraient en tête de liste.

Dès lors, la priorité a changé. L’obsession sécuritaire a pris le pas sur les positions politiques. L’accord signé en juillet 2023 entre la Tunisie et l’Union européenne — qui inclut une aide financière, un soutien logistique et un partenariat renforcé dans la lutte contre les passeurs — en est le symbole. 

Cette realpolitik assumée peut choquer, mais elle n’est pas nouvelle. L’Europe a souvent préféré la stabilité à l’incertitude démocratique dans son voisinage sud. La Tunisie actuelle, bien que fragilisée économiquement reste un maillon indispensable pour l’Europe, à la fois comme barrage migratoire et comme partenaire énergétique potentiel.