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dans le Tarn, opposants et forces de l’ordre échangent jets de pierres et grenades lacrymogènes

In Politique
juillet 06, 2025
Des manifestants haranguent des gendarmes, sur le site de la « Turboteuf », à Maurens-Scopont (Tarn), le 5 juillet 2025.

Des opposants à l’autoroute A69, rassemblés dans le parc du château de Scopont (Tarn), ont commencé samedi 5 juillet dans l’après-midi à défiler en direction du chantier de l’autoroute contestée, où ils ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).

Plusieurs centaines de manifestants, dont une cinquantaine masqués et vêtus de noir, sont sortis du périmètre privé du château, bloquant une route nationale avec des troncs d’arbres et des branches, en scandant « No macadam ! ».

Plus tôt dans la journée, le préfet du Tarn, Laurent Buchaillat, avait annoncé lors d’une conférence de presse qu’environ 800 participants à la « Turboteuf », la mobilisation interdite contre l’A69 entre Toulouse et Castres, avaient été dénombrés à Maurens-Scopont. « On a pu observer hier [vendredi] la préparation de dispositifs hostiles, la fabrication de catapultes et la constitution de réserve de pierres qui montrent clairement l’intention non festive » du rassemblement des opposants à l’A69, a-t-il déclaré.

Le long du chantier, interrompu à la fin de février et qui reprend de façon progressive depuis la mi-juin, quelque 1 500 gendarmes ont été déployés près du château qui accueille les manifestants, selon la préfecture. Les autorités ont interdit par arrêté préfectoral ce nouveau rassemblement des collectifs écologistes pour protester contre l’autoroute : « Tous ceux qui y participent sont susceptibles d’être verbalisés », a rappelé le représentant de l’Etat.

Les autorités s’attendaient à 2 000 participants au total. Parmi ceux arrivés samedi matin, « on note la présence importante de personnes soit [en]cagoulées soit masquées et d’individus qui ont pu être identifiés par le passé sur des manifestations ultraviolentes », a ajouté le préfet. La route nationale qui permet d’accéder au site a été interdite samedi par arrêté préfectoral, en raison du « risque de trouble à l’ordre public », selon un communiqué de la préfecture.

Des objets pouvant servir de « projectiles » ont été saisis, a rapporté à l’AFP une source parmi les forces de l’ordre. Sur des photos, l’AFP a pu voir des boules de pétanque, des cocktails incendiaires, des hachettes, des boucliers et des marteaux.

Sur le site de la « Turboteuf », à Maurens-Scopont (Tarn), le 5 juillet 2025.

« Projet inutile et écocidaire »

La « Turboteuf » est le quatrième grand week-end d’action contre le projet, après ceux d’avril et d’octobre 2023, puis de juin 2024, les deux derniers ayant été marqués par des affrontements avec les forces de l’ordre. Les organisateurs ont assuré maintenir l’événement malgré l’interdiction, mettant en avant qu’il se déroulait sur un terrain privé dont le propriétaire a affirmé avoir donné son accord, « à condition qu’il n’y ait pas de débordements ».

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« L’autoroute a été jugée illégale dans une décision longuement argumentée, on est donc légitimes à intervenir », a déclaré Amalia, membre d’Extinction Rebellion Toulouse, aux nombreux médias présents sur place. « S’il faut aller au-delà de la loi, on le fera », a-t-elle ajouté. « S’il faut cramer des machines, bloquer une route… on le fera, parce qu’il est absolument nécessaire de s’opposer à ce projet inutile imposé et écocidaire. »

Même si le chantier est considérablement avancé – arbres abattus, ponts construits, terrassement en cours – les opposants comptent empêcher la finalisation de cette infrastructure, dont la construction a commencé en 2023 et doit être achevée au second semestre 2026. A la fin de février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux, estimant qu’il n’y avait pas de raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM) pour justifier les dégâts causés à l’environnement.

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Cette décision, saluée comme une victoire par les opposants, a donné lieu à plusieurs recours des pro-autoroute : d’un côté devant la justice administrative, de l’autre, par le biais d’une proposition de loi visant à valider rétroactivement les autorisations environnementales du chantier. Parallèlement, avant l’examen du dossier au fond prévu à la fin de l’année, la cour administrative d’appel de Toulouse a autorisé à la fin de mai une reprise du chantier.

Sur le réseau social X, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a estimé que « quand, au nom de l’écologie, on prépare une manifestation avec des armes comme des catapultes, des boules de pétanque ou des haches ; quand, au nom de l’écologie, on mobilise des dizaines de militants d’ultragauche encagoulés et dangereux, dont une cinquantaine de “fichés S”, qui ne veulent que détruire ou casser du flic, alors c’est qu’on a basculé dans la sédition et l’ultraviolence ».

Le ministre des transports, Philippe Tabarot, a également dénoncé sur X une « violence préparée ». « L’ultragauche défie la justice et l’Etat sur le chantier de l’A69. Ces activistes, soi-disant écologistes, bloquent un projet soutenu par les élus et les habitants et la reprise d’un chantier autorisée par la justice », a-t-il ajouté.

Le Monde avec AFP

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