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Et si la troisième guerre mondiale était à nos portes .

- Tunisie
février 25, 2025

 

Par Neila Charchour

 

Les bouleversements mondiaux que nous vivons actuellement risquent de nous entraîner dans une troisième guerre mondiale, surtout que Donald Trump est à nouveau aux commandes de la Maison-Blanche et ne cesse de multiplier les déclarations provocantes à l’égard de la communauté internationale, y compris envers les alliés traditionnels de son pays.

Si une troisième guerre se déclenche ouvertement, elle sera cette fois-ci différente des deux précédentes, dans la mesure où elle sera maîtrisée par ceux qui manient les ficelles de l’économie mondiale et ceux qui manipulent le mieux les nouvelles technologies de communication et d’information, sans oublier ceux qui produisent les armes biologiques, chimiques, technologiques et nucléaires. Aujourd’hui, ces pays sont nombreux.

Une guerre différente des précédentes

Nul ne peut prédire à l’avance qui s’alliera avec qui et contre qui, le paysage politique et les différents intérêts étant d’une grande complexité. Dans ce contexte, l’ordre mondial actuel a clairement montré ses limites. Il reviendra à ceux qui gagneront cette guerre d’établir le nouvel ordre mondial de demain. Ils donneront, bien entendu, la priorité à leur propre protection et à la protection de leurs intérêts.

Et tant que le monde évoluera dans cet état d’esprit, la course à l’armement sera inévitable et les guerres ne cesseront pas de sitôt. L’homme perdra de plus en plus en humanité pour se glorifier d’être le maître du monde de plein droit. Un droit qu’il se sera lui-même accordé.

Le président Jacques Chirac disait : « La guerre, c’est toujours un ultime recours, c’est toujours un constat d’échec, c’est toujours la pire des solutions parce qu’elle amène la mort et la misère. » Seulement, l’Histoire nous a montré que c’est toujours la loi du plus fort qui prend le dessus et qui obtient le dernier mot. La guerre demeure le premier recours de l’homme, malgré la mort et la misère qu’elle provoque.

Dans ce contexte effrayant, qu’en est-il de notre Tunisie et de son devenir ? Sommes-nous assez conscients des risques que nous encourons ?

Il est vital d’éveiller les consciences sur les défis géostratégiques auxquels nous pourrons être confrontés dans ce monde en pleine mutation. En tant que petit pays situé dans un espace géopolitique sensible, la Tunisie ne peut ignorer ces bouleversements et se doit d’anticiper les implications potentielles sur sa souveraineté et sa stabilité.

Nous serons tenus de choisir un camp. Or, non seulement il n’est pas dit que nous ferons le bon choix tant la situation est complexe et illisible, mais il n’est pas dit non plus que ce camp nous acceptera sans nous imposer des conditions draconiennes.

Si nous nous trouvons dans le camp des gagnants, nous devrons nous accommoder de leurs choix et nous aurons beaucoup de compromis à faire, au détriment de ce qui nous reste de souveraineté nationale, comme nous l’avons déjà vécu lors de l’indépendance. Par contre, si nous nous trouvons dans le camp des perdants, tous nos acquis seront perdus et il nous faudra tout reconstruire de nouveau, en espérant que cette fois-ci, ce sera sur de meilleures bases que les fois précédentes.

Ceci est loin d’être garanti tant nous sommes divisés sur tous les plans, sans compter que nous risquons carrément de disparaître de la carte mondiale. Le président libanais Michel Aoun, dans son discours d’investiture, a carrément fait allusion à de nouvelles frontières qui se préparent.

Quel avenir pour la Tunisie ?

Le choix de notre camp doit donc obligatoirement être le choix de la plus grande majorité du peuple tunisien, représentée par les plus compétents parmi les différentes forces du pays. Et ce, parce que, dans tous les cas, nous allons devoir tous ensemble nous lever comme un seul homme pour reconstruire et rattraper les retards enregistrés.

Aussi, parce qu’une unité nationale sera une nécessité vitale en temps de guerre pour faire face aux incertitudes et aux menaces extérieures. Un peuple uni et conscient des enjeux est mieux armé pour défendre ses intérêts et préserver sa souveraineté.

Toutefois, cette unité ne doit pas être dictée par la peur ou la fatalité, mais par une vision stratégique qui s’appuie sur l’histoire et les orientations diplomatiques qui ont toujours marqué la politique étrangère tunisienne. Nous nous sommes toujours distingués par une diplomatie équilibrée et pragmatique, ancrée dans notre identité arabo-musulmane et notre appartenance à l’espace euro-méditerranéen.

Soyons toutefois conscients, cette fois-ci, que notre pays n’a jamais été aussi faible et aussi vulnérable. J’en arrive à penser que le fameux printemps arabe n’a servi qu’à nous faire arriver à cette situation de division et de désolation dans le monde arabe, afin d’assurer l’établissement de nouvelles frontières qui répondraient mieux aux intérêts des nouvelles forces que le nouvel ordre mondial imposera.

En effet, qui aurait pensé un jour que l’Europe s’affaiblirait autant, que la Chine évoluerait aussi rapidement et que Trump et Poutine en arriveraient à s’asseoir autour d’une même table de négociation sous la modération de l’Arabie saoudite ?

Seulement, n’oublions jamais que nous avons toujours une position stratégique au cœur de la Méditerranée, à la pointe nord du continent africain et entre deux géants du gaz et du pétrole. Ce sont nos atouts majeurs sur lesquels toutes nos compétences se doivent de se pencher pour en tirer un maximum d’avantages négociables, ce qui nous permettrait de jouer un rôle fédérateur au sein du Maghreb. En effet, un Maghreb uni et économiquement intégré constituerait une force régionale bien plus résiliente face aux défis à venir, notamment en cas de conflit global.

L’unité nationale : une nécessité vitale

Dans ce cadre, la Tunisie pourrait œuvrer activement au rapprochement entre l’Algérie et le Maroc, car un Maghreb fracturé affaiblit l’ensemble de la région et limite notre capacité collective à peser dans les affaires internationales.

Par ailleurs, nous avons tous pu constater les revers maléfiques que peut atteindre un libéralisme sauvage, d’où la nécessité de tous nous ancrer dans un humanisme politique autrement plus pacifique, qui encourage le bien-être commun, la justice, la solidarité et la coopération. À ce titre, prenons exemple sur les États-Unis et la Russie et tournons la page du passé et de ses multiples conflits afin de mieux préparer l’avenir.

En ce qui nous concerne en Tunisie, ce n’est sûrement pas en étant divisés comme nous le sommes que nous pourrons avancer et encore moins fédérer. Une réconciliation nationale devient une obligation. Nous aurons besoin que toutes les forces vives travaillent ensemble sur l’élaboration d’un plan fédérateur qui transcende les clivages et qui donnera à chaque Tunisien un rôle actif dans la construction de l’avenir. Un plan dans lequel tous les Tunisiens seront admis comme des citoyens patriotes et des humains dignes de confiance.

L’heure est à la réconciliation et à l’unité nationale. L’heure est à la réflexion commune afin d’assurer la survie et la pérennité de notre pays.