Réagissant aux critiques du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, le ministère des Affaires étrangères a jugé bon de publier, le 25 février 2025, un long communiqué vantant la situation idyllique en Tunisie et le bien-être ressenti – ou supposé – par ses citoyens.
Non content de balayer d’un revers de main les accusations, le ministère a qualifié ces critiques d’« inexactes » et s’est même permis d’adopter un ton professoral en affirmant que la Tunisie pouvait donner des leçons en matière de respect des droits humains et de liberté d’expression. Une déclaration cocasse, surtout quand on constate que ce même ministère a pris soin de bloquer les commentaires sur sa page Facebook. Une habitude désormais bien ancrée depuis le 25 juillet 2021.
Peut-être faudrait-il rappeler à notre ministère que l’une des règles fondamentales en démocratie – et dans la vie en général – est d’accepter la critique et la contradiction. Donner des leçons, prêcher des valeurs tout en agissant à leur encontre relève moins de la cohérence que de l’hypocrisie.
Avec cette pratique, le ministère ne fait que confirmer une évidence : en Tunisie, la liberté d’expression est parfaitement tolérée… tant qu’elle ne heurte ni ne dérange. Critiquer le pouvoir ? Oubliez. Mettre en lumière des faits embarassants ? Impensable. Il ne s’agit pas de débattre, mais de valider, d’applaudir et d’adhérer sans réserve au discours officiel.
Chers internautes, chers citoyens, inutile de chercher le bouton “commenter” sur la page du ministère et d’essayer d’exercer votre liberté d’expression : il a disparu, comme par enchantement. Votre liberté d’expression, si précieusement « protégée », s’arrête là où commence l’embarras du pouvoir.
Au ministère des Affaires étrangères, comme dans plusieurs autres départements, la liberté d’expression est un plat très bien présenté, mais jamais servi à table. Sa véritable place est en cuisine, où seul le personnel peut s’en délecter.
La Tunisie est désormais le pays de toutes les libertés… sauf celles qu’on tente d’exercer !
S.G