Pour rester maître de son temps et de ses opinions, quittons au plus vite X et Facebook !
Par Mohamed Salah Ben Ammar
L’influence des réseaux sociaux sur nos démocraties est devenue une question de première importance. Les événements marquants comme l’élection de Donald Trump en 2016 et sa campagne de réélection en 2024 révèlent les dangers que ces plateformes peuvent représenter, notamment en matière de désinformation et de manipulation. Le traitement de la guerre à Gaza sera certainement un jour enseigné dans les écoles de journalisme comme un modèle de manipulation des faits et des opinions. À ce propos, les porteurs du projet interdisant tout contact avec Israël, qui surfent à longueur de journée sur les réseaux sociaux, devraient réaliser qu’ils financent l’occupation des territoires palestiniens.
L’ère des milliardaires du numérique : quel avenir pour nos sociétés ?
La transformation de Twitter en X et le soutien affiché de Mark Zuckerberg et d’autres oligarques milliardaires propriétaires de réseaux et de médias à Trump soulèvent de légitimes inquiétudes quant à l’avenir du monde. Et je pèse mes mots.
Il est important de reconnaître qu’initialement, nous avons tous pensé que les réseaux sociaux pouvaient avoir un impact positif. En Tunisie, par exemple, ils ont joué un rôle clé lors de la Révolution de 2011, facilitant la mobilisation citoyenne et la diffusion d’informations. Cependant, les évolutions récentes soulèvent des préoccupations sur la liberté d’expression, le filtrage, le cadrage, la hiérarchisation des faits, l’usage des mots, autant de biais qui influencent des choix politiques et l’opinion des consommateurs de ces réseaux. Les élections tunisiennes de 2019 ont illustré comment des pages non officielles sur Facebook ont largement contribué à la dynamique électorale, touchant des millions de citoyens avec des contenus variés et engageants.
Une absence de régulation qui alimente la polarisation
Le succès des réseaux sociaux a pris de court le monde. Il s’est souvent accompagné d’une absence de régulation, permettant la diffusion de fausses informations ou d’informations incomplètes non vérifiées. Le modèle économique des réseaux sociaux, axé sur la publicité ciblée, a mené à une polarisation accrue. Cette quête de profit, illustrée par la valorisation de Meta à 1 600 milliards de dollars en 2021, privilégie le contenu qui provoque des réactions, même au détriment de la vérité. La viralité d’un message importe plus que sa véracité ! Des requins se sont emparés de cette dynamique pour s’enrichir et faire de nous une marchandise.
Il est essentiel de comprendre que les réseaux sociaux exploitent notre temps et notre attention, qu’ils vendent aux annonceurs. Plus nous interagissons, plus nous devenons des cibles pour ces annonceurs, tout en étant soumis à des algorithmes élaborés qui influencent nos opinions et orientent nos comportements.
Entre régulation et alternatives, quelle issue possible ?
Face à ces défis, Meta a récemment réintroduit les discussions politiques sur Facebook, témoignant des tensions entre la liberté d’expression et la nécessité de réguler le discours public. La régulation n’est pas synonyme de restriction, mais d’une protection contre la désinformation. La liberté d’expression, bien qu’essentielle, ne doit pas permettre la propagation de fausses informations.
Il devient donc urgent de réfléchir à notre rapport avec ces plateformes. Choisir de quitter X ou Facebook peut sembler anodin, mais cela peut avoir un impact significatif sur notre environnement numérique. Une transition vers des alternatives comme Bluesky ou Tournesol, qui prônent des modèles plus respectueux des valeurs démocratiques, est envisageable.
Les défis restent néanmoins immenses. L’importance d’une éducation médiatique pour reconnaître la désinformation et comprendre les algorithmes est cruciale. En cultivant une culture de responsabilité, nous pouvons transformer les réseaux sociaux en véritables alliés de la démocratie, plutôt qu’en menaces à son intégrité. Une volonté collective est essentielle pour restaurer la confiance dans le discours public et promouvoir un espace numérique respectueux des valeurs fondamentales de notre société.