Le 28 février, des millions de téléspectateurs ont assisté à une scène surréaliste dans le Bureau ovale. Volodymyr Zelensky, président ukrainien, tentait naïvement d’expliquer la situation de son pays à Donald Trump, lorsqu’il fut interrompu par le vice-président et Trump lui-même, qui lui fit comprendre qu’il n’avait pas son mot à dire sur l’avenir de l’Ukraine. Ce désaccord concernait les garanties de sécurité que Kiev exigeait pour éviter que la paix ne soit qu’une pause avant une nouvelle agression russe, comme ce fut le cas en 2014 pour la Crimée.
Trump a toujours soutenu que l’Ukraine devait chercher une solution diplomatique au conflit, ce qui devait impliquer à ses yeux des concessions territoriales. Ce triste épisode met en lumière les tensions entre Washington et ses alliés européens.
Le dialogue avec Moscou : un jeu de dupes
Tout était joué d’avance. Le 18 février, une rencontre a eu lieu entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue américain dans le but de renouer le dialogue entre Washington et Moscou. L’Ukraine a été l’un des sujets discutés, tandis que d’autres questions géopolitiques, comme celles de la guerre à Gaza, n’ont pas été abordées, pourtant la réunion se déroulait au Moyen-Orient. Peut-être était-il inutile d’aborder la question de l’annexion de la Cisjordanie occupée et la transformation de Gaza en Riviera ?
L’évolution de la politique américaine sous Trump remet en question les équilibres stratégiques dans le monde. Trump ose tout sans retenue. Il maltraite ses invités, insulte, délire, menace et projette de conquérir des pays et des territoires. Il reste fidèle à ses positions antérieures, notamment son soutien inconditionnel à Israël et son mépris pour les souffrances des Palestiniens. Vis-à-vis de l’Europe, sa position n’a pas changé : il veut la détruire. Son soutien au Brexit et sa préférence pour des accords bilatéraux avec le Royaume-Uni, plutôt qu’une coopération renforcée avec l’Union européenne, sont clairement déclarés.
Les alliés nationalistes de Trump et Poutine
Dans ce contexte, plusieurs dirigeants nationalistes, tels que Viktor Orbán en Hongrie et Benjamin Netanyahu en Israël, cultivent des relations avec Trump et Poutine, bien que leurs intérêts varient selon les enjeux internationaux. Les riches monarchies du Golfe sont sur la même ligne, et le sommet arabe du 4 mars risque d’être une nouvelle mascarade. Trump n’a-t-il pas promis aux Américains 600 milliards de dollars de projets qu’il prendra chez les Saoudiens ?
Sur le plan intérieur, Trump a cimenté sa popularité grâce à un discours nationaliste et protectionniste, incarné par les slogans « America First » et « Make America Great Again ». Lors des dernières élections, il a récolté plus de 77 millions de voix, illustrant ainsi un soutien significatif à sa vision d’une politique étrangère centrée sur les intérêts américains, avec une implication réduite dans les conflits extérieurs.
Le rapprochement actuel entre ces deux puissances se fera sur le dos des autres. S’il se concrétise, il annoncera de grands malheurs pour la terre entière, sans compter que tôt ou tard, avec ce type de dirigeants dépourvus de tout humanisme, incultes et sans aucune empathie pour les autres, la Russie et les États-Unis finiront par s’affronter.