Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, ce lundi 3 février, le réalisateur Christophe Ruggia à quatre ans de prison, dont deux ferme, qu’il effectuera sous bracelet électronique, pour des agressions sexuelles sur l’actrice Adèle Haenel. La comédienne était âgée de 12 à 14 ans au moment des faits.
Le cinéaste est aussi condamné à indemniser Adèle Haenel à hauteur de 15 000 euros pour son préjudice moral et de 20 000 euros pour ses années de suivi psychologique. Les magistrats ont estimé que Christophe Ruggia avait “imposé” des “gestes et comportements sexualisés” à l’actrice et l’avait “isolée de son entourage”. Dans la foulée de la décision, les avocats de Christophe Ruggia ont annoncé faire appel.
“Adèle Haenel n’a manifesté aucune émotion visible à l’énoncé du verdict. À sa sortie, des femmes réunies à l’extérieur du tribunal ont applaudi”, décrit le The New York Times, présent à l’audience.
Condamnation symbolique
Symbole du mouvement #MeToo, “l’affaire a suscité un immense intérêt en France”, poursuit le quotidien new-yorkais. Adèle Haenel “fut la première à accuser haut et fort l’industrie du cinéma français de fermer les yeux sur les abus sexuels qui le gangrènent depuis de nombreuses années. C’est aujourd’hui la première à faire condamner un réalisateur pour ces mêmes abus sexuels”, rapporte le quotidien belge Le Soir.
“Quand Adèle Haenel a porté ses premières accusations publiquement en 2019 [auprès du site Mediapart], elle était la première actrice française à témoigner, depuis le début du mouvement #MeToo, de violences subies personnellement”, complète The New York Times. Selon les accusations de la comédienne, l’homme de 60 ans, “réalisateur assez méconnu mais qui, dans le petit monde du cinéma français, avait exercé une influence de premier plan à la présidence de la Société des réalisateurs”, l’aurait invité plusieurs centaines de fois chez lui pour l’agresser sexuellement.
Pour Le Soir, “cette décision n’en marque pas moins un basculement depuis le déclenchement du mouvement #MeToo […] le procès de Christophe Ruggia étant le premier à aboutir à une condamnation”.
À l’issue de deux jours de procès, les 9 et 10 décembre 2024, l’accusation avait requis cinq ans de prison, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique, à l’encontre de Christophe Ruggia. Le cinéaste a toujours réfuté les faits qui lui étaient reprochés.