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En Chine, on cueille des feuilles de salades sauvages pour trouver l’amour

- Business
mai 31, 2025

C’est la dure réalité des jeunes Chinois : il faut se serrer la ceinture. Même les Shanghaïens, réputés pour leur goût du luxe, reviennent à l’essentiel. La manière la plus prisée de caler un rendez-vous amoureux ne consiste plus à proposer d’aller se balader en ville le long de la rivière Suzhou, de continuer autour d’un verre dans une brasserie artisanale, avant de finir la soirée dans un “bar-maison” [des appartements convertis en bar le temps d’une soirée]. Non, désormais, l’activité la plus en vogue à Shanghai, c’est se rendre en périphérie de la ville pour aller cueillir à deux des plantes sauvages [comme le montrent de nombreuses vidéos en ligne].

La tenue n’a pas changé pour les Shanghaïens qui aimaient jusque-là fréquenter en masse les rues du centre : quand ils vont dans leurs nouveaux lieux de prédilection – le parc forestier de Gongqing, les berges de la rivière Suzhou ou la banlieue verte de Songjiang –, c’est toujours habillés de vêtements de marque, Lululemon ou Salomon.

À l’origine, la cueillette de feuilles de salades sauvages en banlieue était la chasse gardée des Shanghaïens d’un certain âge. Des paniers entiers de feuilles de moutarde, de pissenlit et d’aster indien se retrouvaient sur la table à manger familiale, dans un état de fraîcheur parfaite. Voilà qu’aujourd’hui proposer à quelqu’un ce genre d’activité envoie un signe clair : c’est pour conter fleurette…

Sex-appeal et pissenlits

Au début, les réactions ont été plutôt dubitatives. Draguer en ramassant des salades ? Encore une lubie inventée sur Internet ! “Il faut faire des kilomètres en voiture pour se rendre dans des banlieues éloignées, tout cela pour vivre quelque chose qui n’a rien d’original, peut-on lire sur un forum en ligne. Quand on pense qu’on peut siroter tranquillement un café préparé à la main au temple Jing’an, à quoi bon aller suer sang et eau, se briser les reins, pour déterrer quelques bouts de feuilles sauvages !”

Mais il faut avoir fait l’expérience de ce moyen de rencontres pour comprendre à quel point c’est une bonne solution. “Donner un rendez-vous dans un café, c’est aller un peu trop vite en besogne ; et inviter quelqu’un à dîner implique une trop grande intimité, répond un internaute. En revanche, se rendre ensemble en banlieue en voiture pour cueillir des légumes sauvages laisse le choix de passer à l’offensive ou non…” 

“ Si la personne vous plaît, vous pouvez lui proposer un dîner aux chandelles en cuisinant les plantes que vous aurez ramassées. Et si, finalement, vous ne vous retrouvez pas à vous prendre par la main, au moins vous aurez pu récolter tout un tas de bonnes choses !”

À Shanghai, les choses étaient sensiblement différentes auparavant : avant tout rendez-vous galant, le premier réflexe de la jeunesse dorée était généralement d’estimer si la fortune de l’autre atteignait les 100 millions de yuans [quelque 12,5 millions d’euros], et si elle ou il était domicilié à Pudong ou à Puxi [les quartiers ultrachics]. Ce printemps, rien de tout cela : ce qui fait la différence, c’est de connaître les meilleurs coins à pissenlits.

“Auparavant, proposer à quelqu’un d’aller dénicher des feuilles de salades sauvages était un tue-l’amour assuré, appuie un commentaire en ligne. Mais aujourd’hui c’est tout le contraire ! Partager avec une autre personne l’emplacement de son coin favori est un signe d’attirance profonde.” À Shanghai, on en est même à juger le sex-appeal de quelqu’un au nombre de fois où il, ou elle, a été invité à pratiquer ce genre d’activité !

Pourtant, la cueillette de légumes sauvages est un passe-temps qui n’avait rien de très original avant de devenir la nouvelle activité des rendez-vous galants.

L’épreuve décisive

D’une simple envie de se rapprocher de la nature, la pratique a évolué en une épreuve qui permet de voir clairement si le courant passe entre deux amoureux. Au point de mettre la pression, juge une autre internaute.

“Seuls les couples q