“Las cuchas tenen razón” signifie littéralement “les daronnes ont raison”. C’est le message qui a été inscrit sur une fresque peinte en hommage aux dizaines de milliers de personnes disparues au cours du conflit armé. Une inscription qui agite le débat public, ces derniers jours, en Colombie.
Dessinée sur un mur de Medellín, la fresque visait à mettre en lumière la découverte, mi-décembre, de corps enterrés dans des fosses communes de La Escombrera, un quartier défavorisé de la ville. Les “daronnes” évoquées dans le message, ce sont toutes ces femmes qui cherchent leurs proches disparus.
Tal vez a los fachos les quede fácil borrar un mural en chapinero. Pero Bogotá es rebelde y la verdad se expande.
Esto es Usme, de los compas orgullosos de ser hijxs de Usminia. Aquí la verdad no se puede borrar. Seguirá apareciendo en más localidades. pic.twitter.com/w85TryC55o— Gareth Sella (@GarethSella) January 19, 2025
Selon la revue Vorágine, les dépouilles retrouvées seraient probablement liés à l’opération Orion : le plus important massacre urbain de civils commis par l’État en association avec des paramilitaires, en 2002, dans le cadre de la lutte contre les guérillas d’extrême gauche. Mais alors que l’identification des corps est encore en cours, le maire de Medellín, Federico Gutiérrez, de droite dure, a décidé de faire effacer ce message, qu’il accuse de “créer le chaos et rendre la ville laide et sale”.
Plus de 100 000 personnes portées disparues
Une décision qui semble se révéler contre-productive, puisque le mouvement s’est depuis amplifié et que des messages similaires sont apparus dans au moins neuf villes du pays, dont la capitale, Bogota, mais aussi Cali, Soacha, Manizales et Bucaramanga, détaille le média officiel RTVC, qui explique : “La portée de ‘Las cuchas tienen razón’ démontre le pouvoir de l’art urbain comme moyen de résistance. Dans chaque ville, des répliques de la fresque deviennent des points de rencontre pour réfléchir à la violence du passé et exiger la vérité, la justice et la réparation pour les victimes.”
El 12 de enero de 2025, en un reconocimiento por la búsqueda de las mujeres víctimas de la Comuna 13 de Medellín, se pintó un mural con la frase: Las cuchas tenían razón.
Entre letras aparecen otros elementos gráficos que ilustran los hechos y el porqué de la frase:
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— Trochando Sin Fronteras (@trochandosf) January 14, 2025
Malgré le soutien reçu de la part du gouvernement de gauche de Gustavo Petro, le mouvement fait face à une vague qui nie l’importance des meurtres de civils commis par l’armée et qui a badigeonné de peinture noire la fresque de Bogota.
D’après l’Unité de recherche des personnes disparues, créée lors des accords de paix signés avec la guérilla des Farc, en 2016, plus de 100 000 personnes ont été portées disparues au cours des soixante ans de conflit armé, lequel perdure encore en Colombie entre soldats, guérilleros, paramilitaires et narcotrafiquants.