6 views 4 mins 0 comments

un quotidien costaricain alerte avec ironie sur la liberté de la presse dans le monde

- Business
mai 30, 2025

“Tout va bien”, “tout va bien”, “tout va bien”. Pour marquer la Journée nationale du journalisme, vendredi 30 mai, le quotidien costaricain La Nación a frappé fort. En une, une anaphore martelée avec ironie pour dénoncer la détérioration de la liberté de la presse en Amérique latine et dans le monde.

À travers cette répétition ironique, le quotidien adresse une critique acerbe aux dirigeants n’hésitant pas à étouffer la presse, cultivant une illusion de bien-être collectif afin de maintenir leur emprise sur la population.

Première cible du pouvoir centralisé

“Connaissez-vous un seul pays où tout va à merveille selon les journaux ?” s’interroge le journal costaricain, pointant du doigt le “rêve de tout régime autoritaire” : des “médias soumis, qui ne posent pas de questions dérangeantes, qui ne mènent aucune enquête et qui se gardent bien de tout règlement de comptes”.

Le quotidien poursuit :

“La première chose attaquée quand le pouvoir se centralise, c’est la liberté de presse.

“Ce n’est pas un hasard si des dirigeants comme Nayib Bukele [au Salvador], Donald Trump, Xi Jinping, Nicolás Maduro [au Venezuela], Vladimir Poutine ou Daniel Ortega [au Nicaragua] considèrent le journalisme indépendant comme leur principal ennemi.”

Par ce message engagé, La Nación souhaite non seulement célébrer cette Journée nationale du journalisme, mais surtout réaffirmer son “engagement pour la liberté d’expression et l’accès à la vérité”, saluant au passage le travail de ses confrères costaricains.

“Sans questions, il n’y a pas de réponse ; sans presse, il n’y a aucun accès à la vérité, et sans vérité il n’y a pas de démocratie.”

Le Costa Rica, l’exception à la règle en Amérique centrale

Dans une région marquée par des attaques fréquentes contre les médias – comme au Nicaragua et au Guatemala –, le Costa Rica fait figure d’exception. Comme le constate Reporters sans frontières (RSF), la liberté de presse y est encore “profondément respectée”, faisant de ce pays “une exception en Amérique latine”. Il jouit d’une pluralité médiatique au niveau autant national que local, assure l’ONG.

Néanmoins, cette image est en déclin. Dans un rapport de RSF du 2 mai dernier, relayé par le média costaricain Delfino, RSF alerte sur une quatrième baisse consécutive du Costa Rica dans le classement mondial de la liberté de la presse. Le pays chute de la 26e à la 36e place, notamment en raison des “rapports conflictuels” entre le président Rodrigo Chaves et les médias critiques à son égard.

Depuis un décret présidentiel de 2010, le Costa Rica commémore le 30 mai comme Journée nationale du journalisme. Cette date rend hommage aux victimes et survivants de l’attentat de La Penca, survenu en 1984 lors d’une conférence de presse à la frontière nicaraguayenne.