« Pour la Jamaïque, il s’agira certainement de la tempête du siècle. » L’ouragan Melissa, classé en catégorie 5, s’apprête à frapper l’île des Caraïbes ce mardi 28 octobre. Avec des vents atteignant 280 km/h, il a déjà fait sept morts, dont trois en Jamaïque, quatre en Haïti et en République dominicaine. Mais sa lenteur inquiète les experts, qui redoutent une intensité dévastatrice.
Melissa avance à seulement 4 km/h, soit plus lentement qu’une personne qui marche. Or, quand un ouragan avance à cette vitesse, cela signifie que les zones qu’il traverse restent longtemps exposées aux vents violents, à la pluie et à la montée des eaux. Cette stagnation crée un « effet de rouleau compresseur », dont les conséquences peuvent être terribles.
Ainsi, les experts s’attendent à ce que les rafales détruisent les bâtiments et la végétation, que la pluie s’accumule au point de provoquer des inondations intenses et que les côtes soient rapidement submergées. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Melissa pourrait déverser jusqu’à 63 centimètres de pluie sur certaines régions de la Jamaïque. Sur trois jours, cela représenterait plus de 1 000 litres d’eau par mètre carré. Des vagues de 4 à 5 mètres sont attendues, tout comme des rafales pouvant dépasser 300 km/h.
« On s’attend à une situation catastrophique »
En principe, une tempête qui stagne finit pourtant par s’affaiblir. En brassant l’eau de surface, elle fait remonter de l’eau froide des profondeurs, coupant ainsi sa propre source d’énergie. Mais la tempête Melissa est portée par les eaux chaudes des Caraïbes, dont la température reste élevée malgré les remous.
Autrement dit, Melissa continue de se renforcer alors qu’elle ne bouge presque pas. « C’est une situation un peu terrifiante », confie à BFMTV Jill Trepanier, climatologue spécialiste des ouragans à l’université d’État de Louisiane. Ce phénomène pourrait être directement lié au réchauffement des océans, qui stockent désormais la chaleur plus profondément.
« On s’attend à une situation catastrophique en Jamaïque », a déclaré Anne-Claire Fontan, spécialiste des cyclones tropicaux pour l’OMM, lors d’un point de presse à Genève. Pour la Jamaïque, il s’agira certainement de la tempête du siècle. » Les autorités locales redoutent aussi des glissements de terrain, les sols étant déjà gorgés d’eau après plusieurs semaines de pluie. La Fédération internationale de la Croix-Rouge a estimé à 1,5 million de personnes le nombre d’habitants qui devraient être directement affectés par les conséquences du cyclone.
Le pays n’avait pas connu un tel scénario depuis l’ouragan Gilbert, en 1988, qui avait tué 40 personnes. Melissa menace d’être plus lent, plus chaud et plus destructeur que son prédécesseur. L’ouragan devrait traverser mardi la Jamaïque, avant de se diriger vers l’est de Cuba puis de remonter mercredi vers l’archipel des Bahamas.

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