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« Le Parti démocrate a abdiqué » : Bernie Sanders tire à boulets rouges contre son camp

« Le Parti démocrate a abdiqué » : Bernie Sanders tire à boulets rouges contre son camp


Dans un pays fracturé par les inégalités et les divisions politiques, Bernie Sanders n’a rien perdu de sa verve. À 84 ans, l’ancien candidat aux primaires démocrates reste fidèle à son credo : défendre la classe ouvrière et dénoncer la concentration des inégalités. Tant pis si cela passe par égratigner sa famille politique la veille des élections municipales à New York ! Dans un long entretien accordé à l’éditorialiste du New York Times David Leonhardt, le sénateur indépendant du Vermont brosse un constat sans détour : le Parti démocrate s’est transformé en une oligarchie gouvernée par et pour les plus riches, tandis que les travailleurs sont laissés pour compte.

De la classe ouvrière aux élites

Pour Sanders, le déclin du Parti démocrate a commencé dans les années 1970, quand ses dirigeants ont choisi de solliciter, comme les républicains, le financement des grandes entreprises. Ce virage, affirme-t-il, a brisé la vieille alliance entre le parti et la classe populaire : « De Roosevelt à Kennedy, le Parti démocrate était véritablement le parti des travailleurs. » Mais l’ouverture aux « gros intérêts financiers » a conduit selon lui à un désastre politique : « Le Parti démocrate a abdiqué. Il est devenu un parti financé par des milliardaires et dirigé par des consultants, totalement déconnecté de la réalité de la classe ouvrière américaine. »

À LIRE AUSSI Les dérives du pouvoir absolu de King DonaldSanders rappelle que la désindustrialisation américaine a été aggravée, selon lui, par les politiques de libre-échange soutenues à Washington : « Demandez aux travailleurs si c’était une bonne idée d’ouvrir les frontières commerciales avec la Chine : aucun ne le pensait. Tous savaient que cela ravagerait l’industrie. » À ses yeux, le libre-échange a symbolisé la trahison d’une élite politique persuadée d’agir pour le bien commun, alors qu’elle servait surtout, dit-il, « le monde des affaires ». Pour Sanders, c’est le sentiment d’être abandonné par le Parti démocrate qui a conduit une partie de l’électorat ouvrier à voter pour Donald Trump (pourtant lui aussi issu du monde des affaires) et, en fin de compte, à lui donner la victoire à deux élections présidentielles.

Une gauche à reconstruire

Le sénateur du Vermont reproche à son propre camp de refuser la radicalité nécessaire : quinze élus démocrates seulement soutiennent aujourd’hui son projet d’assurance-maladie universelle. Une aberration, juge-t-il, dans « le seul grand pays du monde qui n’assure pas des soins pour tous ».

Face à ce qu’il perçoit comme une résignation générale, il appelle les démocrates à « ouvrir les portes » : impliquer les classes populaires, les jeunes et les minorités ; permettre aux citoyens ordinaires de se présenter. « Le Parti démocrate, ironise-t-il, ressemble plus à un club de donateurs de New York ou de Los Angeles qu’à un parti populaire. » S’il veut survivre, insiste-t-il, il doit renouer avec son identité historique de parti des ouvriers.