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Des stades à moitié vides : le football tunisien perd son âme !

Des stades à moitié vides : le football tunisien perd son âme ! - Tunisie-Foot

Le petit derby tunisois entre le Stade Tunisien et le Club Africain, programmé le jeudi 6 novembre au stade Hédi Neifer, se jouera devant seulement 1500 supporters pour une capacité totale de 11 000 places, tous acquis à la cause stadiste. Une décision qui, une fois encore, met en lumière la politique absurde des quotas imposés dans les stades tunisiens, où les autorités politiques continuent d’imposer des restrictions drastiques sous couvert de sécurité publique.

Une politique sécuritaire devenue dogme

Depuis plusieurs saisons, les matchs de championnat se disputent presque systématiquement avec un public réduit à sa plus simple expression, souvent limité aux supporters de l’équipe locale. Ce modèle, justifié par la crainte d’incidents, a transformé les stades tunisiens en espaces aseptisés, dénués de ferveur et d’émotion.
Les autorités politiques, au lieu d’investir dans une véritable stratégie de gestion du public et de modernisation des infrastructures, ont préféré interdire plutôt qu’encadrer. Résultat : le football tunisien, jadis l’un des plus vivants du continent, est devenu un spectacle sans âme, joué devant des tribunes clairsemées et sous un silence pesant.

Une hémorragie économique ignorée

Au-delà de l’ambiance, cette politique a un impact économique désastreux. Les clubs, déjà en grande difficulté financière, se voient privés de l’une de leurs rares sources de revenus stables : la billetterie.
Entre les recettes perdues, les ventes de produits dérivés quasi inexistantes et l’absence de consommation autour des stades, le manque à gagner se chiffre à des centaines de milliers de dinars par saison.
Dans un contexte où les sponsors se font rares et où les droits télévisés stagnent, ces restrictions condamnent les clubs à vivoter dans une précarité chronique.

Certains dirigeants n’hésitent plus à tirer la sonnette d’alarme : comment un club peut-il se développer, payer ses joueurs et rivaliser sur le plan régional, alors qu’il n’a plus accès à la manne populaire qui faisait sa force ?
Ce tarissement des ressources pousse de nombreux joueurs à chercher fortune à l’étranger, souvent dans des championnats secondaires, simplement pour être rémunérés régulièrement. Les retards de salaires se multiplient, les litiges explosent, et la valeur du championnat en pâtit chaque jour un peu plus.

Un championnat vidé de sa substance

Ce choix politique de la facilité — celui d’interdire plutôt que d’organiser — traduit une absence totale de vision.
Au lieu de travailler à réconcilier le public avec les stades et à investir dans des dispositifs de sécurité modernes, les autorités continuent de punir le football pour les débordements d’une minorité.
Le résultat est clair : les matchs se jouent sans passion, les clubs sans moyens et les supporters sans voix.

Tant que la Tunisie continuera à confondre encadrement et exclusion, son football restera à l’image de ses gradins : vides, muets et désespérément ternes.
Les quotas ne protègent plus le sport ; ils l’asphyxient. Et à force de craindre les foules, le pays risque de perdre définitivement l’un de ses derniers espaces d’unité et de fierté collective : le stade.